Jean Ragnotti Mort – Il y avait un bébé nîmois nommé Jean Marc le 16 mai 1955. Il est incroyablement intéressé par la technologie, a un appétit insatiable de connaissances et adorerait se lancer dans la course automobile. Alors qu’il est inscrit à l’école parisienne d’ingénieurs aéronautiques et automobiles ESTACA, le jeune Nîmois rencontre Etienne Moity, rédacteur en chef de la revue Scratch. C’est une révélation.
Jean Marc propose d’écrire quelques sujets à Etienne, et Etienne s’en sert comme d’un indicateur du potentiel du jeune homme. En tant que journaliste, Andrié renonce à ses études. Cela ne pouvait pas mieux tomber puisque Scratch : Auto Hebdo va être remplacé par le nouvel hebdomadaire de sport automobile du leader Michel Hommel.
Le bureau adjacent appartient à Echappement, dirigé par Pierre Pagani. Jean Ragnotti, vice-champion de France des rallyes en 1970 et vice-champion de Formule Renault Europe en 1975, est connu pour sa baver fréquemment dans les couloirs. Alors qu’il s’entraîne pour le Monte Carlo 76, Jeannot informe l’équipage qu’il pilote un A110 1800.
Le seul problème est qu’il n’est pas accompagné de copilote. Il n’y a plus qu’à emmener Andrié, explique Pagani. En attendant la sortie d’Auto Hebdo, vous pouvez vous le procurer !… Il se trouve donc que Jean Marc Andrié, qui n’avait aucune expérience préalable, se retrouve copiloté par une légende lors de l’événement le plus prestigieux de l’année !
Le début d’une belle histoire a commencé. Contre Munari, Waldegård, Darniche, Alen, Fréquelin, Röhrl et d’autres, l’aventure et les combats lors de Monté Carlo 76 ont été spectaculaires. Pendant un moment, nos deux copains étaient en deuxième position (!), mais le moteur de la Berlinette était trop puissant.
Elle annonce le début d’une formidable collaboration et la perspective de réalisations militaires majeures pour Jeannot et Jean Marc. En 1980, ils remportent le titre de champion de France des rallyes. En 1981, ils remportent le premier championnat du monde de Monte-Carlo avec la R5 Turbo. En 1982, ils remportent le Tour de Corse.
Ils ont participé ensemble à six autres courses de Monte-Carlo. encore et encore. d’autres distinctions ! Aussi, Jean Marc est toujours très impliqué dans sa carrière de journaliste. Sa capacité à transmettre l’intensité de la course, son ambiance, ses émotions et son environnement est sans égal. Parallèlement, Andrié a travaillé pour diverses publications, notamment “Automobile Magazine”, “Rallyes Magazine” et d’autres.
Au début des années 1980, il est nommé responsable de la communication chez Renault F1 en raison de ses excellentes capacités d’organisation. Il utilise également une R5 Turbo pour seconder Bruno Saby au Monté Carlo 84. En 1985, Jean Marc range quelque temps son équipe. Il prend la direction du service compétition clients de la section rallye de Renault Sport sous la tutelle de Patrick Landon, légendaire pilote automobile.
Le poste est passionnant pour le Nîmois de 30 ans et il y rencontre des jeunes prometteurs, dont Philippe Bugalski, Auvergnat. A 22 ans, P’tit Bug’ a accompli beaucoup de choses, notamment en se classant huitième au Rouergue avec une “petite” R5 Turbo tordue. Un éclair !
Après avoir trahi la marque au diamant en 1986, Jean Marc se retrouve en bons termes avec Yves Loubet, un autre grand fan. Ils ont monté ensemble des Alfetta GTV6 sur le podium du Tour de Corse, une édition tristement célèbre de la course. Le reste de la saison sera piloté par la très performante Alfa 75 V6. Aux 1000 Pistes, le journaliste excentrique court aux côtés de René Metge dans une Porsche 959.
L’année 1987. Philippe Bugalski, pilote officiel R5 GT GrN, est sélectionné par Renault. Il s’agit du premier contrat professionnel pour l’Auvergnat, qui s’associe d’ailleurs officiellement à Jean Marc Andrié pour piloter dans le championnat de France cette saison.
Philippe débute la saison au Rallye des Garrigues, où il réalise des performances incroyables, dont un nouveau record personnel dans la 14ème spéciale d’Alzon. Devant la R5GT de Christian Gazaud et la 205 GTI de François Delecour, l’équipe Bugalski – Andrié accède au podium scratch final. Ils ont ensuite réalisé un parcours réussi à l’Alpin en Touraine (où ils terminent septième) et à Antibes dans le Var où ils terminent à la cinquième place.
Leurs efforts leur valent le titre de Coupe de France GrN et la cinquième place absolue du championnat. Le personnel est comme une machine bien huilée, travaillant toujours en tandem. Les perspectives sont positives.
Un autre attaquant natif, Alain Oreille, a demandé à Jean Marc de revenir à Monte-Carlo en 1988. Après avoir réalisé un superbe 87 au volant de la R11 Turbo GrA, qui lui a valu six podiums et une victoire scratch aux Garrigues, Alain est toujours un peu de ressentiment. “Bug” recevra la nouvelle R21, même s’il pensait que c’était pour lui.
Le pilote de Martigues se sentait également un peu mieux au début du 56e Monte-Carlo. Et cet homme à moustache peut être une véritable menace quand il est de cette humeur ! Jean Marc et Alain auront l’occasion de mieux se connaître au volant d’un élégant Simon Racing R11 Turbo aux couleurs Philips pendant qu’ils sont en stage de concentration.
Et quel début puissant ! Il faudrait plutôt lire l’explication de Jean Marcation dans sa chronique Rallyes Magazine : Nous nous souvenions de nos précédentes expériences dans la région voisine de St. Nazaire le Désert lorsque cette pirouette spectaculaire s’est produite sur un tronçon mal balisé de la route en construction.
Même à 160 km/h, un « 360° » paraît quand même loin ! Enfin, alors que les bois cessaient de défiler sous nos phares, nous avons été confrontés à ce qui ressemblait à une invasion extraterrestre de notre vaisseau spatial : quatre paires d’yeux nous fixant directement ! Des habitués dévoués de Saint-Nazaire qui voient la concentration s’évanouir au petit matin… Nous avons été sauvés du fossé par eux… Nous avons été choqués de constater que le véhicule était vide.
Au plaisir de vous rencontrer tous, adieu… J’étais inquiet pour mon propre bien-être mental et physique dans les jours qui ont suivi ce tête-à-tête à environ 160 km/h. De façon inattendue, les garçons se sont à nouveau exposés à nous. seulement deux jours après notre première comparution. Le lieu exact est Saint Nazaire le Désert ! Il vaut mieux se mettre à l’abri, à commencer par les spectateurs, quand Alain Oreille part à la chasse.
Fais moi confiance pour ce coup là. Deux jours plus tard, sur cette 8ème spéciale de Saint Nazaire le Désert, baptisée à tort pour l’occasion, Oreille attaque chaque virage avec une intensité digne d’un champion ! Bien qu’il y ait un peu de verglas sur la route, la R11 est recouverte de nappes.
Ça ne fait aucune différence. Selon Martégal, une deuxième place est encore à portée de main, alors la glace… La Delta HF de Bruno Saby s’envole vers le triomphe, tandis que celle de Fiorio semble être au coin de la rue ! Alors qu’il s’effondre vers sa perte, le R11 vole de plus en plus haut. Au milieu du chaos qui règne dans l’habitacle, Jean Marc parvient à apercevoir la Lancia italienne, qu’ils ont dépassée en moins de vingt kilomètres, il y a à peine trente secondes.
Dans le dernier tronçon de la spéciale, comme Oreille est prêt à franchir la ligne d’arrivée, le superbe bleu cale brusquement, percute le côté de l’arbre du copilote et s’effondre de cinq mètres au sol. Malgré le déclenchement de la pyrotechnie, un miracle se produit : en une vingtaine de minutes, des dizaines de badauds remettent la bête blessée sur la route.
Le véhicule du Simon Racing poursuivra sa route, légèrement endommagé, et Alain, les entrailles nouées par la colère, remonte à la quatrième place… L’écart entre la Delta d’Alex Fiorio et la deuxième place est inférieur à 22 minutes. Absolument inoubliable !
Suite à ses déboires monégasques, Jean Marc découvre Bugalski et le titre français en R21 GrN. Leur principal ennemi est la sarbacane d’Alain Oreille ! La R21 n’est pas très agile ni développée, et la petite GT est difficile à surpasser. Même si la victoire de Bug sur Alain intervient dans les Garrigues, ce dernier le bat finalement lors du match pour le titre en fin de saison.
En 1989…. Pour la R21 – Coupe d’Europe, la direction dépêche p’tit Bug’ pour retrouver les courses en peloton. Alors qu’il fait campagne en Europe dans une Lancia Intégrale Grifone, Jean Marc se met à l’abri à la droite d’Yves Loubet. Ils ont triomphé au couronnement européen ainsi que la Catalogne, Madère, Elpa et Chypre.
Même les étoiles sont à portée de main en Corse à bord d’une Lancia Martini. Lorsqu’ils perdent 3 minutes et 18 secondes à Verghia, ils pointent à 12 secondes du Delta d’Auriol et à la troisième place. C’est la quatrième place d’Yves malgré ses sept MT… Il n’y a pas un seul prophète dans son pays ! Avant la sécheresse de 1990, Jean Marc rejoint cette année-là également P.
Tambay dans la manifestation des Pharaons. Le pilote nîmois, associé à Bernard Béguin sur un Sierra Cosworth 4X4, remporte cependant un deuxième championnat de France en 1991.
Après sa belle saison, Alain Oreille l’invite à participer au championnat de France 1992 au volant d’une Clio 16S Diac. En réalité, Jean Marc roulera avec le sudiste trois années de suite avec des logos en losange, d’abord avec des Clio 16S puis des Williams.
Aux côtés d’un guerrier, vous aurez trois campagnes colorées et lucratives. Accompagnés de leurs amis J. Ragnotti et G. Thimonier, P. Bugalski et T. Renaud, ils parcourront la France et au-delà dans une joyeuse équipe. Encore un autre groupe de parents.
Ensuite, il y a les nombreuses histoires et expériences que Jean Marc a à partager. Mais en 1995, il quitte Renault pour rejoindre le clan adverse et devient passager de la Ford Escort de Patrick Bernardini, autre passionné corse. Malgré leur séquence de 6 victoires consécutives et leur victoire nationale, l’expérience a été douce-amère.
Le compagnon et proche de Jean Marc, Thierry Renaud, est décédé lors du Grasse Alpin. Assez surprenant. Après avoir disputé le championnat de France terre aux côtés de Loubet et Didier Auriol à Monté Carlo la saison suivante, lui et son copilote Baroni terminent leur saison en ouvreurs à droite de Fabien Doenlen dans le Var. Fabien et lui ont ensuite commencé à travailler ensemble chez Citroën.
Jean Marc a rejoint Baroni à Antibes, où ils étaient engagés avec une Toyota Celica, après avoir disputé trois courses. La brève septième spéciale de Saint-Martin a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour le CelI CA.
Personne ne devinera jamais qu’il s’agit là de la dernière grande prestation de Jean Marc Andrié. Le 9 avril 1999, Jean Marc, l’homme aux mille vies, se suicide. Il était sensible, en quête d’absolu, et affligé d’une mélancolie persistante, probablement parce qu’il était incompris. Sérieusement, la vie est tellement stupide.