Melina Robert Pichon Biographie – Cocteau retrouve les premiers travaux de Genet et Sartre. Ce mauvais garçon de la scène littéraire française est vénéré comme un génie par ses contemporains.
Cocteau le sauveur de la prison à vie (après une troisième condamnation, quel que soit le motif de la condamnation, le criminel risquait d’être envoyé en prison pour le reste de sa vie). En août 1949, le président Vincent Auriol remercie enfin Genet après une pétition de Cocteau et de Sartre.
Introduction de Jean Genet à la scène littéraire parisienne
Genet s’adresse aux bourgeois dont l’ordre est régi par la violence normative (la peine de mort en étant le point culminant) en profitant de la défaite de 1940 pour renverser le scénario de cette violence et faire du bourreau un bouc émissaire.
Dans ce qui était censé être une préface aux œuvres complètes de Genet publiées par Gallimard, Sartre a plutôt produit le premier volume massif intitulé Saint Genet, comédien et martyr, qui a été critiqué par certains critiques pour être un « mélange ambivalent » d’éloges funèbres et d’observations dures. , ainsi que des analyses biographiques et psychologiques qui peuvent être assez dures.
Cette recherche occupe une place de choix dans ces ouvrages rassemblés ; la liste des œuvres de Sartre apparaît sur la quatrième de couverture comme si Sartre s’était glissé dans la peau de Genet comme un vampire. Sartre est « l’exemple » de sa philosophie existentialiste. Sartre place le « canisme » de Genet et son association avec le rebelle et meurtrier Caïn au centre de son analyse.
Genet affirme dans le livre qu’il était tellement déprimé qu’il n’a pas pu écrire pendant plus de dix ans parce que sa « machinerie cognitive avait été dégradée » par l’expérience. Au sommet de sa renommée parisienne, Genet fréquentait Sartre, Simone de Beauvoir, Alberto Giacometti, Henri Matisse et Brassa.
Il se lance dans une carrière de dramaturge et les pièces qu’il écrit sont des productions à succès grâce à sa renommée et à l’air de scandale qui les entoure. Alors que la France est en pleine guerre contre l’Algérie, Roger Blin monte la pièce Les Nègres puis Les Paravents, qui se déroule au début des années 1960. La pièce condamne violemment le colonialisme français et prône l’indépendance.
Les idées de Genet deviennent de plus en plus convaincantes à mesure que l’histoire progresse. Il élève sa voix contre la suprématie blanche, la domination occidentale et la situation lamentable dans laquelle la France a laissé ses anciennes colonies. Le premier numéro de son journal, intitulé « Le Captif amoureux », est sorti en 1986, quelques mois après sa mort.
Derniers sacrements
La toxicomanie aux barbituriques et le suicide de son ami Abdallah Bentaga en 1964 contribuent tous deux à sa spirale descendante vers la folie. Jusqu’à la toute fin, Genet séjourne dans des chambres d’hôtel miteuses, idéalement situées à proximité des gares.
En 1975, alors qu’il est très bien payé comme metteur en scène, il séjourne dans un hôtel londonien qui n’est pas des plus bizarres. Dans ce cadre, à la demande de David Bowie et du producteur Christophe Stamp (frère de l’acteur Terence Stamp), il adapte son roman Notre-Dame-des-Fleurs en un scénario de 180 pages intitulé Divine.
L’intrigue principale concerne Querelle, qui s’implique dans le trafic de drogue, assassine son ami Vic et est « éteint » par Nono à la suite d’une partie de dés truquée. Il y a des flash-backs sur les meurtres commis par Querelle auparavant, notamment le premier meurtre commis par le « père arménien » Joachim, qui qualifie Querelle de « mon bel étoilé ».
Parmi les romans, Pompes funèbres (1948) est le plus sujet aux malentendus. Nos héros – qu’il s’agisse du résistant assassiné Jean Decarnin, du jeune parisien Riton, du pétrolier Erik ou d’Hitler lui-même, qualifié de « sodomite et castré » – ne sont pas des personnes réelles mais des figures héroïques, des êtres poétiques.
Il propose également une interprétation homo-érotisée d’Hitler et un regard troublant sur les liens entre la violence nazie et le sexisme. Adoptant en partie le point de vue de la Milice, il explique la préoccupation du groupe pour le culte du corps et la performance nazie de la masculinité.
Un courageux petit garçon parisien fait le travail. Au début, il était terrifié à l’idée de mettre en colère le Führer. Le membre était en acier. L’élément principal de la machine à prière de Paulo était, bien entendu, la verge.
Le rendu sur elle était impeccable et les lunettes à double foyer étaient savamment conçues. Il lui manquait la douceur, la tendresse et le tremblement qui permettent aux gens les plus féroces de frémir avec grâce.
Il a creusé jusqu’en bas. Le bonheur dans les cheveux de Madame lui procurait une grande joie. L’affirmation de l’excellence de son travail alimentait sa passion et son intensité. A mesure que ses bras se resserraient sur ceux de l’enculé, ses poings devenaient plus durs et plus fougueux.
Cela s’est produit sur la partie inférieure de son corps, autour de ses épaules. Le chef nazi rugit doucement. Paulo se réjouissait de pouvoir apporter de la joie à un tel homme. Avec un « Tiens, mon chéri », il réfléchit : « T’en veux de l’aut’ ?
Laissant toujours échapper sa frustration sans sortir du trou, il a dit : « Du petit Français » et « Encore un coup… » Bon, ça te fait plaisir ? N’abandonnez jamais. Et chaque battement de l’œil de bronze était accompagné en pensée d’une formule dont le lyrisme était déterminé par le plaisir procuré.
Un tressaillement momentané traversa son visage, mais il disparut rapidement, tandis qu’il pensait : « ui-là, c’est la France qui te le met ». Hitler, la main sur la gorge et le corps mutilé, pouvait sentir le feu grandir, et chaque bouchée provoquait un cri de joie.
Certains lecteurs pourraient croire à tort que cela fait de Jean Genet un partisan du régime nazi ou de la Collaboration. Ce texte a été rédigé par Jean Genet pour décrire, à sa manière, un travail fastidieux pour les autres interprètes. Son ami communiste résistant Jean Decarnin a récemment été tué dans une embuscade.
Les bûchers funéraires s’ouvrent pour révéler l’enterrement de Decarnin. Plus tard, Genet se réfugie dans une salle de cinéma, où il regarde le reportage sur la capture d’un jeune milicien sur les toits de Paris. Pour cette raison, il ne peut pas supporter la perte de son ami ni accepter la justice rendue par les bourgeois hypocrites contre les truands.
Il décide donc d’écrire un livre du point de vue du « petit garçon » qu’il blâme pour la mort de son ami. Provocateur et scandaleux, il vise à amener le lecteur à une prise de conscience extrême de l’extraordinaire séduction du mal au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Genet glorifie les nazis non pas parce qu’ils montrent la voie du bien ou de la vérité, mais plutôt parce qu’ils personnifient le crime, la terreur et la destruction – le mal pur qui se cristallise dans le meurtre gratuit d’un enfant par Erik, le commandant de char allemand.
Selon Sartre, Le Journal du voleur (1949) est plus qu’une simple autobiographie ; il s’agit plutôt d’une « cosmogonie sacrée ». Le livre détaille les erreurs du narrateur hors de France.
Jean, le narrateur, a 35 ans et se souvient de sa vie de 1932 à 1940. Il décrit sa vie misérable en Espagne, notamment dans le quartier miteux de Barrio Chino à Barcelone, où lui et son amant grossier Salvador ont partagé la puanteur de la vermine avant il l’abandonna pour le beau mais perfide Stilitano.
Le narrateur raconte sa chute dans les rues méchantes d’Andalousie après avoir été abandonné par ce dernier. Ses voyages l’emmènent dans toute l’Europe d’avant-guerre, notamment en France et en Italie.
Il m’a fallu beaucoup d’habileté. Cela a été Si je ne peux pas vous dire comment cela fonctionne, au moins je peux dire que j’en viens lentement à voir ma misérable existence comme quelque chose à laquelle je me soumets volontairement.
Je n’ai jamais essayé de changer qui elle était; jamais je n’ai cherché à la dissimuler, au contraire j’ai voulu l’affirmer dans toute sa sordide, et les symboles les plus laids sont devenus des signes de ma grandeur.
ADN écrit :
Même s’il n’y a pas de lien de causalité évident entre mon penchant pour la trahison, le vol et mon intérêt romantique, je ne peux m’empêcher de penser qu’il doit y en avoir un.
A noter que ces premiers romans ont été réédités aux éditions Gallimard dans le cadre des œuvres rassemblées de l’auteur, quoique dans une version fortement éditée (et éventuellement censurée). Il semble que Genet lui-même ait participé à l’édition et à la censure qui ont été largement critiquées pour avoir modifié le sens de ses œuvres.