Clemenceau Vie Privée – Georges Clemenceau est au centre de toutes les attentions à l’Assemblée nationale française. Une exposition significative présentant des documents, des affiches, des lettres et des objets qui évoquent cet étonnant homme d’État. Nous ne savons presque rien, voire rien, de sa vie personnelle.
Cependant, l’homme qui a gagné le surnom de « Le Tigre » était un séducteur persistant, capable d’une cruauté implacable envers sa famille.Les Femmes et Georges Clemenceau… En 1918, le « Père de la Victoire » préfère vaincre en masse ses ennemis.
En matière de cœur, il a agi avec courage et prudence. Ses amies proches, dont beaucoup étaient déjà mariées, furent priées de détruire les lettres de ses amants.L’homme était plutôt discret.Le préfet Gola remarque : « Il ne manquait pas de galanterie envers les femmes, mais il n’aurait pas relevé un coin de sa moustache pour leur plaire. » Écrit par Pierre Victor Galland en 1890, “Le bar de Maxim”
La “femme, cet homme malade”…
Clemenceau a été, pendant le premier tiers de sa vie, un type stéréotypé sexiste et dogmatique.Son article sur les femmes a commencé en 1869.Il précise : « Dans les espèces inférieures des règnes végétal et animal la femelle semble jouer un rôle prépondérant : le mâle semble s’élever et gagner dans les espèces supérieures des deux règnes.
Il a écrit un article sur les « droits des femmes » en 1894 et a déclaré que les femmes rendaient les hommes malades. “Je ne conteste pas que la véritable place des femmes soit dans le foyer domestique”, affirme-t-il dans Justice.
Madeleine Pelletier, féministe convaincue, a répondu à sa position inflexible en disant : « L’assujettissement de toute la moitié de l’humanité lui est indifférent ; il n’en voit que la possibilité immédiate, le péril clérical ».
Et il souhaite que le droit de vote des femmes intervienne le plus tard possible pour éviter ce risque. Pourtant, il apparaît que M. Clemenceau ne s’oppose pas au suffrage des femmes… du moins en Angleterre. Il affirme qu’en Angleterre, nation protestante, « les femmes ne sont pas soumises à l’Église », alors que ce n’est pas le cas en France.
Il est possible de considérer Clemenceau comme un bulldozer, un conservateur délirant.La vérité est plus nuancée.Clemenceau est le fils d’un médecin républicain et a été maire de Montmartre après avoir été inspiré par le travail d’une enseignante nommée Louise Micheal en octobre 1870. Micheal a consacré sa vie à l’éducation des enfants d’ouvriers, dont beaucoup étaient estropiés.
Clémenceau, un fervent défenseur de Louise Michel
Il trouve formidable qu’elle recherche l’égalité salariale à une époque où les femmes qui travaillent reçoivent moitié moins que les hommes… alors que ce n’est pas un quart de son salaire, et qu’elle leur fait la lecture avec autant d’enthousiasme et d’énergie.
La vision de ses élèves « criant, criant, accrochés à sa vieille robe déchirée, l’adorant étant adoré restera gravée à jamais dans son esprit. Une touche d’Ecole du Roi Pétaud y était présente. Ils y donnaient apparemment des conférences sans grande réflexion ni organisation, mais ils le faisaient néanmoins.
Louise Michel, membre clé de la Commune de Paris, fut exilée en Nouvelle-Calédonie cette année-là (1871). Clemenceau est resté en contact avec lui par lettres et instructions même après son exil.
Et il est le seul à pouvoir supporter sans broncher le commentaire cinglant de l’amie et collègue journaliste de Jules Vallès (un autre communard), Séverine (de son vrai nom Caroline Rémy), sur le scandale des mineurs au travail.
L’homme, qui revendique une sexualité sans entrave, a une vie sentimentale problématique. En fait, Clemenceau adulte est un homme double, explique Sylvie Brodziak, maître de conférences à l’Université de Cergy-Pontoise et sommité sur Clemenceau. Il était l’exemple même du bourgeois du XIXe siècle.
Après tout, vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et moi-même.
Clemenceau est craint et vénéré, mais il est aussi capable d’une immense cruauté. Son seul et unique amour sera celui à payer.Il quitte la France pour les États-Unis le 25 juillet 1865 pour enseigner dans une école de filles du Connecticut après avoir eu une dispute amoureuse avec.
Hortense Kestner, la belle-sœur de son ami Auguste Scheurer-Kestner, l’un de ses plus fidèles. partisans en politique. L’anticlérical passionné avait des sentiments pour Mary Plummer, une de ses élèves.
Son âge est explicitement indiqué comme étant 17 ans. Elle est très jolie. Cette dentiste de Bristol a été élevée par son riche oncle marchand, Horace Taylor, lorsque ses parents sont décédés. Clemenceau a hâte de se marier avec elle, mais il ne veut pas impliquer l’Église. s’exclame-t-il. Un message de Mary disait : « Préféreriez-vous… » et arriva le lendemain.
Ils se sont mariés en juin 1869 dans la Big Apple et sont retournés en France l’année suivante. Madeleine (1870), Thérèse (1872) et Michel (1873) sont les enfants de cette union.Mais Clemenceau ne se comporte pas comme un mari modèle, et il ne finit pas non plus par devenir un sugar daddy.
Quand il ne se bat pas à l’Assemblée nationale, n’écrit pas d’articles ou ne se livre pas à des duels sur le « champ d’honneur », il sort dans les salons et accumule un grand nombre de critiques.
des quêtes parmi les actrices, les chanteuses, les femmes du monde et les danseuses. Les frères Goncourt commentaient à son sujet : « Clemenceau est un homme du monde étonnant Comme nous l’avons vu, les femmes mariées lui plaisent davantage. Malgré ses efforts pour garder son succès secret, la rumeur de son audace s’est répandue comme une traînée de poudre dans Paris.
N’a-t-il pas envoyé à la jeune poète roumaine Anna de Noailles des œufs de ses poules avec le mot suivant ?Des œufs parfaitement cuits,Regardez cette charmante courtisane. S’il vous plaît, laissez-moi jouer à la mouillette.Le « tueur ministériel » et bientôt « premier flic de France » Clemenceau profite et abuse de sa position de pouvoir d’homme politique. Pas toujours adroitement.
Clemenceau perd les élections législatives dans le Var en 1893 après avoir été diffamé par Cornélius Herz, un homme d’affaires impliqué dans l’affaire de Panama (un système de corruption immense qui dévasta les petits épargnants à la fin du XIXème siècle) et qui soutenait son quotidien La Justice.
Lorsqu’un berger de son quartier s’est étonné qu’une personne de son passé ait pu bénéficier d’un financement anglais, Clemenceau a répondu en ouvrant sa braguette et en disant à l’homme : « C’est à cause de ce joyau ». La reine d’Angleterre en est obsédée.
Mary Plummer, déshonorée, divorcée et exclue de l’école ; victime de Clemenceau, le bourreau
Pour lui, «seuls les lois, les règlements, la police, tout protège l’homme», écrit-il à propos des femmes dans son ouvrage de 1907 La Mêlée sociale, une compilation d’écrits colériques. La femme est écrasée sous le poids de la loi, des règles et de la police. Il va le montrer très bientôt.
C’est sa femme, Mary, qui en paiera le prix.
Selon son mari, Mary Clemencau est « devenue exclusive et jalouse » en raison de ses fréquents déplacements professionnels. La femme seule tombe amoureuse de la jeune secrétaire qui l’aide à s’occuper des enfants.
Clémenceau l’apprend. Il demande alors à un commissaire de police de déposer une plainte pour « adultère flagrant » après l’avoir suivie. Il demande que la loi soit appliquée. L’adultère est passible d’une peine de prison de 15 jours. Mary est incarcérée aux côtés de criminels et de putes.
Mais ce n’est pas la fin de sa honte.
Lorsqu’il s’en va, il demande le divorce et l’obtient au détriment de sa femme, qui n’aura rien et notamment pas la garde des trois enfants.Elle a divorcé et est retournée aux États-Unis. Clemenceau souhaite qu’elle soit expulsée de France parce qu’elle a commis un délit de droit commun alors qu’elle était étrangère.
La voici conduite par des gendarmes à Boulogne-sur-mer avec sa belle-sœur américaine, des malles et tout. Les deux passagères montent à bord d’un bateau à vapeur de troisième classe. Les États-Unis d’Amérique se dirigent vers l’est en direction de Boston.
Clemenceau peut-il enfin se détendre ? Non. Le résultat final de son animosité envers Mary sera particulièrement horrible.Devant ses trois enfants, il rassemble les photos et les lettres de son ex-femme et les brûle.
C’est pourquoi ils ne se souviendront pas du tout de leur mère. Il attaque ensuite avec un marteau le buste en marbre de la jeune fille assise sur la cheminée et le brise en morceaux dans un accès de rage. Constamment entouré de sa progéniture.
Marie sera toujours « La traîtresse » aux yeux de Clemenceau. Cette honte suivra la pauvre femme pour le reste de sa vie. En 1900, elle revient en France et s’installe dans un appartement parisien intimiste au 208 rue de la Convention.
Le 13 septembre 1922, elle perd tragiquement son combat contre l’isolement. Clemenceau écrit laconiquement à son frère Albert : “Votre ex-belle-soeur ne souffre plus. Il n’y avait même pas un de ses enfants.
Il semblerait que le tigre ait mangé sa femme.
Pour son premier livre, Nathalie Saint-Cricq, responsable du service politique de France Télévisions, a choisi de ressusciter la dernière histoire d’amour de Georges Clémenceau.Notre curiosité naturelle a été immédiatement piquée.
Pourquoi la journaliste chevronnée Nathalie Saint-Cricq, qui connaissait bien les mœurs et les excès de la Ve République, a-t-elle décidé de voyager dans le temps ? Est-ce parce qu’il n’y a pas de romantisme dans la vie moderne ? Est-ce parce que la politique aux États-Unis est devenue si peu romantique.
Françoise Giroud, également animée par le désir d’un leader « à l’âme ardente », a écrit un livre intitulé Cœur de Tigre et l’a dédié à l’ex-président en 1995. Le pari est gagné. Clemenceau s’est comporté comme un adolescent déprimé jusqu’à la fin de sa vie.
En mai 1923, alors qu’il avait déjà dépassé son 80e anniversaire, son dernier client franchit la porte de son bureau de Franklin Street. L’éditrice de Plon, Marguerite Baldensperger, lui demande personnellement d’écrire un livre.
La silhouette et la beauté saisissante de cette femme mariée de 40 ans attirent l’attention de la bête sénile. Mais il voit aussi la cicatrice cachée dans ses yeux. Le chagrin de Marguerite après le suicide de sa fille aînée est insupportable. Ils ont défié tous les pronostics dans leur amour l’un pour l’autre depuis cette première interview.
L’auteur révèle certains de leursdes lettres tout en inventant – avec une imagination habile – le journal de Marguerite, prisonnière des traditions de son époque et amoureuse de son amant moustachu que l’âge n’a pas ralenti. Les paroles de Clemenceau sont pleines de vie, d’affection et de désir. Et leur relation peut rappeler les huit cents amants que Marguerite aurait eu avant eux. Page merveilleusement sombre.