Romane Dicko Parents Origine – Dans mon esprit, c’était l’endroit où se trouvaient les légendaires Teddy Riner et Audrey Tcheumeo. Je vous l’avais dit, les choses sérieuses allaient commencer ! J’ai été accueilli dans le groupe exclusif et les filles m’ont mis à l’aise en un rien de temps. J’étais pleinement intégré ; tout s’est bien passé.
Avez-vous raconté l’histoire à Audrey Tcheumeo lorsque vous avez eu la chance de la rencontrer ? Elle connaît l’histoire, dans une certaine mesure. Chaque fois que mon père la voit, il la remercie car l’histoire est indirectement basée sur elle.
En 2017, l’année qui suit votre entrée à l’INSEP, vous êtes choisi pour la première fois parmi les seniors et vous débattez du Monde de Budapest. En équipe, vous remportez le bronze. En fait, c’est vous qui traînez le point de victoire. Que représente cette médaille ? Cela aide à comprendre la pression et le stress si vous commencez par un test de groupe, n’est-ce pas ?
C’était vraiment immonde ! Cette fois, je ne me suis pas mis autant de pression. Derrière moi, Cyrille Maret était encore là lorsque j’ai atteint le point de la victoire. On m’a dit que même si je mourais, il serait là. Il est utile de vous rappeler que tout ne dépend pas de vous mentalement.
Certes, j’aurais pu m’exprimer plus pleinement s’il s’agissait d’une compétition individuelle. J’y ai surtout vu une opportunité car il y avait des filles plus âgées, plus expérimentées, et c’est moi qui les ai poussées jusqu’au bout. J’étais heureux et confiant. C’était super pour ma progression de carrière, et ça signifiait beaucoup pour moi que la Fédé ait confiance en moi.
En 2018, vous poursuivrez votre lancement. Vous remportez votre premier titre européen individuel junior à Tel Aviv. Avant, tu étais blessé au coude, et maintenant tu es de retour au premier étage. Selon vous, cette chanson a une saveur unique. Pourquoi demandes-tu?
Parce que j’étais le plus jeune membre de l’équipe, cette date reste significative pour moi. Dans ma catégorie, ce sont généralement les filles un peu plus âgées qui font le show, mais mon arbitre de l’époque, Larbi Benboudaoud, et mon cousin Teddy Tamgho, m’ont dit de prendre tout ce que j’avais car on serait surpris si j’avais 16, 18 ans, ou 20 ans.
Je me suis informé de l’importance de battre et de combattre. Tu n’inventeras pas de nouvelles techniques aujourd’hui, “J”, alors fais ce que tu as à faire et nous paierons les musiciens à la fin du bal. Ce fut une réussite pour moi.
Ce titre a été une étincelle : j’avais remporté le championnat de France très jeune, j’avais gagné des Grands Prix, mais gagner les Championnats d’Europe, c’est une toute autre histoire. Les esprits sont marqués. Quelqu’un m’a dit que j’allais passer un cap.
Vous semblez débattre de votre potentiel depuis un certain temps. Enfin, ce titre t’a rassuré ? Cela me fait peur, mais je pense qu’il est bon de se défendre et de ne jamais compter sur ses épaules. Pour moi, la question est fondamentale. J’ai besoin de ça. Je pense que nous pouvons toujours faire mieux, et c’est ce qui me motive. Me dire : « C’est bien, mais… » est crucial. Le « mais » existe indéfiniment car il y a toujours place à l’amélioration.
Tu es jeune mais tu as beaucoup de mal à l’épreuve…
On me dit souvent ce que c’est. On m’a également mentionné que mon parcours a été rapide et simple. Parce que j’étais complètement entouré, c’est aussi comme ça que je le sentais. J’ai eu cette opportunité. Il y avait Larbi Benboudaoud et mon cousin Teddy Tamgho, qui était détenteur du record du monde de triple saut, lorsque je suis revenu en équipe de France. Rien ne vaut d’avoir un parent champion.
Je pouvais compter sur lui chaque fois que j’avais des questions ou des préoccupations antérieures ; par exemple, pendant mes années de blessures. Tout était facile parce que les choses tombaient tout autour de moi. Mes parents, mon cousin, mon meilleur entraîneur… J’avais l’impression que le monde entier était à mes côtés.
Un enthousiasme contagieux émane de cette jeune femme énergique, judoka liée au 10 000 volts. Romane Dicko, qui aura 22 ans en septembre, vient de décrocher le bronze aux JO de Tokyo. Cet athlète prometteur n’a qu’une idée : performer ! Vous avez toujours été très sportif. Très jeune, vous étiez captivé par la mer. Pour quelle raison avez-vous opté pour ce sport ?
Comme toutes les petites filles, j’ai fait un peu de danse, mais surtout j’ai navigué. Pour mes parents, c’était vraiment crucial. Pour eux, il fallait absolument qu’on harcèle mes frères et sœurs. Après que mes frères et sœurs ont commencé à nager, ils ont arrêté, mais je n’ai pas hésité à continuer ce sport.
Comme j’ai toujours aimé la compétition, dans tous les domaines, je me dirige vers la nation de la compétition. Même si je ne savais pas jusqu’où je voulais aller, je voulais quand même le faire. Le judo fera une entrée remarquée dans votre vie après les Jeux olympiques d’été de 2012 à Londres. A treize ans, vous voyez la bagarre entre Audrey Tcheuméo et votre père. Son histoire et son parcours vous inspirent et vous décidez d’agir. En particulier, qu’est-ce qui a touché toi ?
Pour être honnête, l’histoire d’Audrey a plus affecté mon père que moi. Il a dit qu’elle était d’origine camerounaise comme nous et qu’elle avait commencé le judo plus tard dans la vie, ce qui pourrait être moi si je commençais à l’âge de treize ans.
Je veux dire, je suis très sportif et j’avais déjà des amis qui faisaient du judo, donc la perspective d’essayer les deux sports ne me dérangeait pas trop. Tout d’un coup, cela a commencé à agir comme une peste. Je suis devenu accro au judo dès mes débuts.
A Villeneuve-Le-Roi, vous avez débuté au Randoris Club. Comment tu as ressenti cette discipline qui était spécialement conçue pour toi ? Mon premier coach était le premier à reconnaître mon potentiel. J’ai rejoint une classe composée à la fois d’étudiants expérimentés et de débutants.
Il m’a dit que mon gabarit ne correspondait pas à celui des autres personnes de mon âge et que je devrais donc me lancer directement dans le cours pour adultes. Je suis allé au cours pour adultes et il m’a immédiatement dit qu’il avait besoin de rencontrer mes parents parce qu’il pensait que nous pourrions faire quelque chose ensemble.
L’avez-vous vécu comme ça ?
Je pensais que ton père était un con. Répétez-moi pourquoi le fait d’être la seule femme au club ne vous a pas dissuadé. Ce qui n’a jamais été un problème pour moi, c’est que j’ai toujours grandi dans un monde de garçons.Très vite, tout va se dérouler pour toi. Vous battez le record de France dans la catégorie des +78 kg en 2016 alors que vous aviez 17 ans, avec cinq années de judo à votre actif. Vous êtes devenue la plus jeune championne française de judo de l’histoire, et vous êtes encore une petite fille. Que fait-elle pour marquer si rapidement l’histoire de sa discipline ?
Même si c’était la première fois que je participais à une rencontre de ce genre, pour moi, c’était juste une compétition parmi d’autres. Personne ne m’attendait en senior, donc je n’avais rien à prouver. Je n’avais pas ressenti d’urgence. Il n’y avait que du bon.
C’était ma première occasion d’affronter des « grandes », car auparavant je n’avais combattu que contre des gens de mon âge. Pour la première fois, j’ai affronté des adversaires avec autant d’expérience. En fin de compte, j’ai épousé Eva Bisseni, qui avait 36 ans, alors que j’en avais 17. À ce moment-là, je ne pense pas avoir une idée claire de mon potentiel.
D’ailleurs, je ne savais pas que j’avais gagné. Le moment où j’ai réalisé que j’avais fait quelque chose de mal, c’est quand on m’a dit que j’étais le plus jeune champion de France. Quand on est propulsé au sommet à un si jeune âge, comment creuser un titre pareil ? Ce n’est plus une bénédiction ou une casquette si facile à manquer ?
Un peu des deux. Cette victoire m’a permis d’être sélectionné pour le tournoi de Paris en février, tournoi que j’ai vécu un peu moins agréablement. J’avais beaucoup de pression à cause de ma performance au Championnat de France, qui était pour moi une compétition référence.
On ce moment-là, je me suis rendu compte qu’il était nécessaire de faire du travail mental, outre du travail physique. Cela m’a permis de passer aux choses sérieuses et de savoir où j’en étais. Pour un bien, c’était mauvais.
En attendant, vous intégrerez le pôle espoir de Brétigny-sur-Orge puis l’INSEP, l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance. Vous vous entraînerez avec certains des plus grands noms du judo là-bas, dont Gévrise Emane, Audrey Adiceom, Clarisse Agbegnenou, etc. Etes-vous un peu conscient de ce qui se passe ou êtes-vous pris dans un tourbillon et n’arrivez pas à vous arrêter un instant ? quelque chose qui vous arrive ?
D’ailleurs, j’ai gagné le concours de France cadets et ils m’ont dit qu’ils m’y emmèneraient même si je ne pensais pas revenir à l’INSEP à 17 ans. L’INSEP, c’est le Saint Graal, et c’est vraiment immonde, surtout en judo.