Jean-Pierre Armanet Wikipedia – Je voulais compléter ma formation de piano classique par un cursus plus contemporain. Mon intérêt pour le jazz blues et l’improvisation a été piqué après avoir fréquenté “l’American School” à Paris.
Après avoir composé des musiques de films pendant une dizaine d’années, j’ai été invité à coucher mon travail sur papier par mon amie et pianiste professionnelle Martine Vialatte, qui m’a entendu improviser et a aimé ce qu’elle a entendu. Une tâche difficile pour moi était de stabiliser ce qui avait été une musique très “intuitive” qui changeait en fonction de l’instrument que je jouais.
À la fin de notre rencontre, le superbe pianiste a interprété quelques-unes de mes premières compositions. Je jouerai également à la pointe de la musique improvisée, peut-être en riffant des thèmes de chansons de comptage pour enfants malgré le potentiel de “1001 fausses notes”.
Bien que je n’aie pas l’habitude de me produire devant un public, j’espère que les gens soutiendront ma décision de le faire, s’identifieront au matériel et écouteront ce que j’ai à offrir. La musique est destinée à être partagée; il devrait pouvoir communiquer avec tout le monde.
Ma fille, Juliette Armanet, sera également présente. Sur son dernier album, elle reprend une chanson que je lui jouais quand elle était petite. Peut-être que je jouerai du piano avec elle pour cette chanson ; on verra.
Ce projet est né d’une idée géniale qui nous a été pitchée par Alban de la Tour lors du Festival 1001 Notes l’an dernier. Nous avons fait un sérieux travail main dans la main. Nous nous sommes entendus et je suis convaincu que notre coopération harmonieuse conduira à un succès retentissant.
Que pensez-vous de la musique classique ?
Évidemment, c’est de là que je viens, même si ma mère était le seul membre musical de ma famille. Nous n’avions qu’une poignée de disques à la maison, alors j’écoutais tout, sans discrimination, pour entraîner mes oreilles. Il semble plus difficile d’amener les gens à écouter de la musique classique de nos jours.
En fait, je déplore le manque d’enseignement musical généralisé en France ; de tels programmes sont courants aux États-Unis et dans d’autres pays anglo-saxons, qui n’hésitent pas à monter des orchestres miniatures dès la maternelle.
Mais d’autres jeunes interprètes (je pense à Guilhem Fabre, un immense pianiste qui se produit à l’arrière d’un camion) ont pris sur eux d’amener la musique là où elle n’avait jamais été atteinte. Cette stratégie est vouée à réussir. Peut-être que oui… Enfin, l’élitisme repose sur quoi, au juste ?
Bien que beaucoup d’entre nous viennent de familles où la musique n’a jamais été une priorité, cela ne signifie pas que les musiciens professionnels d’aujourd’hui manquent d’enthousiasme et de formation. Peut-être serait-il préférable d’entraîner l’oreille à être réceptive à “tous” les styles musicaux et capable d’établir des liens entre les genres comme le classique, le jazz, la pop et le rap. C’est ce que j’aime le plus dans cet événement, et je pense que c’est un peu le but.
De quelles manières avez-vous été influencé musicalement ?
La plupart du temps, nous sommes tout simplement trop éloignés l’un de l’autre à cause des rythmes erratiques et des atmosphères psychologiques épuisantes de la vie urbaine moderne. Tel un spleen tenace, le citadin aura toujours une fascination morbide pour sa ville natale.
Les grandes tragédies collectives de notre époque (tremblements de terre, tueries de masse, migrations dramatiques, etc.) me touchent aussi profondément. A travers l’universelle précarité de notre minuscule planète, ils me révèlent une sorte de vérité humaine absolue. Ces catastrophes mondiales nous obligent à nous connecter humainement et à dépasser les clivages politiques dépassés.
Paradoxalement, c’est ma plus grande ambition de vie, une source de motivation quotidienne qui me permet de regarder la mort en face sans perdre ma volonté de vivre. Cette inquiétude se transforme naturellement en un véritable outil de sensibilisation.
Après avoir terminé ses études musicales formelles, Jean-Pierre Armanet a élargi ses horizons en s’engageant dans une variété de performances et d’expériences d’écoute de jazz et de musique contemporaine. Dans sa quête d’une prose plus libre, le compositeur s’attaque de front aux problèmes les plus urgents de notre époque, tels que les dangers nucléaires et environnementaux, les migrations de masse et les conflits armés.
Martine Vialatte, pianiste qui a enregistré avec les plus grands compositeurs actuels (Tristan Murail, Maurice Ohana, Henri Dutilleux…), commande sa première œuvre originale pour le Festival de Vence 2000. des œuvres pour accordéon et des livres pour enfants suivent, toutes écrites en réponse à des commandes de musiciens et de productions.
Selon Jean-Pierre Armanet, il y a une continuité sans faille entre le classique (structure), le jazz (liberté), et la musique répétitive de Reich ou d’Adams (retour à l’hypnose grecque). Mais surtout, le répétitif a pour lui ses vertus intrinsèques : primitivité, vertige sensoriel, voire narcose par la musique. Si le système tonal n’est pas le seul moyen d’ancrer les intervalles musicaux dans son imaginaire, il fait office de grammaire subconsciente.
En effet, au-delà des séquences brutes ou des formules rythmiques ou percutantes (même si celles-ci permettraient évidemment une représentation privilégiée du monde mécanique moderne), le compositeur attend toujours une sorte de résolution harmonieuse.
Ses compositions musicales tentent souvent de concilier des éléments émotionnels apparemment incompatibles, comme un motif rythmique implacablement répétitif jusqu’à la monotonie, comme un ancien psaume, et une ligne mélodique qui attend avec impatience sa résolution.
Un hommage à “The T”, le nom affectueux encore utilisé pour le métro de Boston qui a ouvert ses portes en 1897. Le spleen urbain est une allégorie des trajets quotidiens de l’homme moderne. Le voyageur/voyageur est confiné dans un wagon et est contraint d’accepter le transport “mental” de soi.
Le compositeur tente de glaner des éléments poétiques dans l’imaginaire des millions de personnes sans visage que le train transporte chaque jour à travers l’utilisation de rythmes mécaniques et de couleurs sonores souvent mélancoliques.
Le Festival 1001 Notes poursuivra sa programmation éclectique du 23 au 30 juillet à Limoges. La famille Armanet est l’incarnation parfaite de cette idée. Le 30 juillet, Juliette a réuni ses amis musiciens – Elodie Kimmel, Dana Ciocarlie, le Brady Duo, Pascal Contet, Alex Vizorek… – pour interpréter les œuvres de son père Jean-Pierre. Avant l’événement qui clôturera ces somptueux 1001 Notes, le compositeur remettra à Singulars une copie de son journal de lecture.
Le 30 juillet au soir, le Festival des 1001 Notes se clôturera par un concert réunissant un large éventail d’artistes, dont Gaspard Dehaene, Tim Dup, le Duo Brady (consultez leur liste de lecture) et, surtout, l’Armanet famille — Juliette, la fille, et Jean-Pierre, le père — dont les compositions serviront de thème fédérateur du spectacle.
Certaines d’entre elles sont des idées relativement nouvelles, mais elles sont toujours utiles. Dana [Ciocarle] est une alchimiste ; elle parvient à me convaincre que ma musique vaut la peine d’être jouée par une pianiste de son calibre. Je continue de ne pas y retourner. Au fur et à mesure que ses collègues musiciens connaîtront le succès sur scène, le ton de ses propres compositions deviendra plus léger et humoristique.
Déjà, les apparitions subtiles mais fréquentes de Jean-Pierre et Adrien, le frère réalisateur de Juliette, sur son dernier album, Brûlez le feu, signalaient la teinte de cette complicité familiale. Tous deux m’ont entendu improviser, et parfois ils ont même réussi à voler ce qu’ils avaient entendu la veille.
Jean-Pierre est un pianiste accompli qui aime relever le défi d’improviser, de composer et d’explorer les nombreux registres de son instrument à la recherche de sonorités jazz, blues et classiques. L’œuvre de Jean-Pierre Armanet s’inscrit parfaitement dans la définition quasi littérale de la « musique contemporaine », tant elle est à la fois joyeuse et dissonante à l’image du monde d’aujourd’hui. La musique est principalement narrative pour moi; J’aimerais presque que ce soit dans le style documentaire, comme je le fais avec le travail de Ravel, auquel je compare souvent à cet égard.
Un navire sur l’océan, Ravel
Les sources préférées de Jean-Pierre Armanet incluent non seulement Ravel mais aussi des auteurs et des théoriciens du XXe siècle comme Schönberg, Berg et Webern. L’éternelle, grandiose et infinie “tentation de l’ouest” américaine doit y être lue dans ses moindres détails, ou la non moins grandiose version française. L’Ouest m’attire à cause de ce moment “insaisissable” où le soleil se couche à l’Ouest – de la Grande-Bretagne à la Californie – où tout semble se terminer mais on ne peut s’empêcher de vouloir que cela dure pour toujours.
Le bouquet final du Festival 1001 Notes sera Jean Pierre et Juliette Armanet le 30 juillet 2022. Ce soir-là, un groupe de solistes classiques interprétera les compositions de Jean-Pierre Armanet, entrecoupées d’œuvres du répertoire standard.
La fille de la diva de la pop Juliette Armanet nous fera l’honneur de sa présence afin que nous puissions l’écouter chanter un de ses coups de gueule au piano. Quel a été l’arc de votre développement musical ?