Guirec Soudée Famille – Quelque part dans la grande blancheur du Groenland en décembre 2015. Guirec Soudée, jeune navigateur breton de 25 ans, tente de s’emprisonner dans la calotte polaire. C’est ce qu’on appelle “l’hivernage”. Il a toujours voulu ça. Le marin n’est pas seul sur Yvinec, un voilier en aluminium construit en 1985, puisque sa chienne Monique l’accompagne depuis son départ des îles Canaries. Ils ne peuvent pas être séparés.
Aujourd’hui, la saga bretonne compte plus de 119 000 abonnés sur Facebook et ses vidéos ont été vues par des millions. Pourtant, sur le moment, le Breton est coupé du monde extérieur alors qu’il godille le bateau dans sa prison de glace. Je voulais que cela se produise. C’était un peu dur avec la chute, admet-il.
La récidive n’est que temporaire. Un bateau de pêche arrive de loin. Par des gestes de la main, Guirec reconnaît son ami inuit Uno. Le web de la civilisation et des réseaux sociaux le tient sous sa coupe : Guirec aide le visiteur à monter sur son navire, qui tient un smartphone.
Sur l’écran, un message de sa sœur apparut. Leur père est décédé. N’ayant aucun moyen de rejoindre Guirec, elle a plutôt essayé de retrouver ses amis néerlandais sur Facebook et de les envoyer à l’aide. Malgré le coup, l’aventurier a décidé de continuer. Il explique avec pugnacité: “J’ai transformé cela en force.” Mon père était vraiment fier de moi. Son rêve était d’être ici. Il n’en a pas fallu beaucoup pour le laisser tomber facilement.
Cet hiver 2015-2016 restera à jamais gravé dans les mémoires bretonnes. J’ai cru que j’allais le perdre toutes les fois où j’étais dans une étreinte intense avec Monique dans mes bras. Le bateau parvient à affronter la tempête, à supporter des températures de -30 degrés Celsius, à éviter les collisions avec les icebergs et à rester à flot en eau libre.
Une fois emprisonné dans la glace, vous devez lutter contre la banquise qui explose et exerce une force énorme sur votre carapace. Les tuyaux de chauffage cassés qui font chuter le thermostat à -4 degrés à l’intérieur de la maison. Ils quittent le bâtiment. Même si le navigateur a perdu 12 kilos, les 106 œufs pondus par Monique l’aideront à maintenir sa santé.
Le Swing vers les réseaux sociaux
Le yacht Guirec est actuellement ancré au large de l’île de Vancouver au Canada. L’homme n’est plus aussi isolé. Il a un forfait téléphonique qui lui permet de passer des appels illimités vers la France. “En ce moment, il a un réseau en place, on s’appelle toutes les trois semaines”, raconte Maureen, sa sœur. “Si ma mère pouvait me parler tous les jours, elle le ferait”, plaisante Guirec. Il a aussi Skype, donc Monique le cochon peut caracoler devant la caméra. Selon sa grand-mère fulminante, “quand il lui dit de venir, elle l’accourt comme un petit chien”.
Le succès de ses vidéos à Groenland a complètement modifié la trajectoire professionnelle de Guirec. Les médias ont largement couvert son voyage via le passage du Nord-Ouest, qui relie l’Atlantique au Pacifique Nord. Le canard génère une sympathie instantanée dans les vidéos, les images et les anecdotes qu’il partage en ligne. L’agitation s’est produite organiquement. Ce succès lui a permis de trouver des bailleurs de fonds, de simplifier son train de vie et d’équiper son voilier.
Des fonds ont également été apportés grâce à la vente de photographies lors d’expositions organisées en France. Et il a décidé d’utiliser son profil en ligne au profit de l’humanité. Le passage du Nord-Ouest s’est ouvert en raison du réchauffement climatique. J’ai fait de la voile avec des phoques, des loups et des ours polaires. La faune est tout simplement magnifique. Malheureusement, de gros paquebots apparaissent aussi et détruisent tout sur leur passage. Guirec a investi dans un système de connexion rapide par satellite appelé iridium OpenPort afin qu’il puisse télécharger des images, des vidéos et maintenir son site Web.
Personne n’était au courant de mon aventure d’il y a trente ans.
La promotion des médias sur Internet ne produit pas toujours des résultats bénéfiques. Les autorités sanitaires polynésiennes ont donné leur feu vert pour l’itinéraire prévu de l’épidémie via Tahiti. En raison des règles de biosécurité, ils ne peuvent pas assister à l’accostage de Monique le cochon. Il doit changer ses plans et sera en Amérique du Sud avant l’hiver pour affronter l’Antarctique.
Personne n’était au courant de mon aventure d’il y a 30 ans, se souvient Guirec. Le marin néoconnecté lit chacun des textos que ses amis en ligne lui envoient chaque jour. Certains de ses auditeurs lui ont dit que c’était grâce à lui et à Monique qu’ils avaient eu le courage de mener à bien leurs propres projets. Peu importe la taille de nos rêves, dit Le Breton, nous devons les dépasser. Lorsqu’il allume ses “éventails”, au moment où la mer huileuse laisse échapper un peu de crachat, le marin se sent touché, presque coulé.
L’épopée transatlantique du casse-cou de Plougrescant, Guirec Soudée, parti au printemps d’Amérique du Nord à destination de Brest, a connu des rebondissements passionnants. Alors même que nous parlons jeudi, son équipe qui surveille sa position depuis un sol solide en arrière-plan est naturellement inquiète qu’il ne les ait pas mises à jour depuis huit jours. Pourtant, à 1h30 du matin jeudi (dans la nuit de mercredi à jeudi), Guirec Soudée a personnellement appelé sa famille. L’appel a été rendu possible grâce au capitaine d’un bateau de passage qui a utilisé la fonction radio de son téléphone pour entrer en contact avec le navigateur du navire.
Guirec Soudée se lance dans un projet Vendée Globe pour 2024. Il a la mer dans les veines et le goût de l’aventure, même s’il s’agit de sa première course au large. Il a parcouru le monde seul pendant cinq ans avec son porcelet ébouriffé, Monique, avant de s’associer en 2021 pour une nouvelle aventure transatlantique. Retour sur les voyages d’un aventurier océanique.
Guirec Soudée a plusieurs millions en banque même s’il n’a mis le pied en IMOCA pour la première fois que le 4 avril 2022. L’un des bizuths du Vendée Globe 2024 devra porter le bagage de 670 jours de mer seul et environ 60 000 milles parcourus en voilier ou en barque à rames autour du monde.
Au départ, un tour du monde de 5 ans
Lorsque Guirec Soudée, alors âgé de 22 ans, décide de quitter sa Bretagne natale, il le fait sur Yvinec, le bateau qui porte le nom de sa ville natale. Lors d’une expédition aux Canaries, il rencontre la courageuse poule rousse nommée Monique, avec qui il passera les cinq prochaines années de sa vie.
Puis, à 24 ans, il franchit le Passage du Nord-Ouest, devenant de lui le plus jeune navigateur à accomplir cet exploit (bien que ce ne soit pas sa motivation première). Sans cartographie précise, il navigue à travers les icebergs pour rejoindre l’océan Pacifique. Au programme : 33 jours de voyage ponctués d’accrocs, de ralentissements, d’épuisement extrême, et peut-être même d’hallucinations.
Après une longue absence, Guirec est retourné en Alaska, au Canada et enfin à San Francisco. Il envisage de traverser le Pacifique via la Polynésie, mais Monique n’est pas la bienvenue dans les territoires français d’outre-mer. Le canal de Panama est toujours une option, mais il s’avère trop “facile” pour le jeune marin. Alors il emballe tout et se dirige vers le sud pour le cap Horn.
Après avoir traversé l’équateur, on atteint les années 40 (froid), les années 50 (chaud) et les années 60 (froid et venteux). Il y a de graves ralentissements économiques. Mon vaisseau s’est endormi. Après avoir atteint le cap Horn, j’avais l’intention de naviguer vers Ushuaia, mais des difficultés techniques m’ont obligé à mettre le cap au sud vers l’Antarctique. Tout était glacé. Il y avait du givre partout où vous regardiez. Vous vous dites que vous n’y arriverez jamais, mais vous finissez par y arriver en faisant des petits pas.
Une vague massive s’écrase à nouveau sur son bateau alors qu’il navigue au nord de la Géorgie dans l’Atlantique, mais il parvient à redresser le navire à la fin. Un détour inattendu l’oblige à repartir vers l’Afrique du Sud.Après 130 jours en mer, nous avons été soulagés de retrouver enfin la civilisation. Il n’est pas toujours facile de revenir à la réalité après avoir vécu quelque chose qui a changé sa vie. J’apprécie les grands espaces ouverts où je peux être moi-même.
Mon éducation sur la petite île bretonne d’Yvinec a façonné qui je suis. Elle m’a faite. Quand j’avais sept ans, j’ai eu mon premier bateau. Quand j’étais enfant, mes parents m’ont donné beaucoup d’indépendance. Les matins me voyaient partir pour la mer, et les soirs me trouvaient revenir. En d’autres termes, j’ai grandi rapidement. Ce n’est pas facile de se réinstaller dans un fauteuil confortable devant son bureau après un style de vie comme celui-là. Il était inévitable que je trouve ma voie.
Un nouveau test, cette fois dans le rame !
Suite à mon aventure mondiale, j’ai donné de nombreux discours détaillant mes voyages. Mais je voulais vraiment revenir à l’action. Le Covid a mis un coup d’arrêt à mes projets. J’ai eu l’occasion d’acquérir un rameur (NDLR : rameur monotype océanique de 8 mètres de long sur 1,6 mètre de large, dessiné par Jean Claude Viant et construit en contrepoids), et deux mois plus tard je me suis lancé dans un rame traversant entre les Canaries et Caraïbes, naviguant par les alizés. Ce n’était pas la chose la plus difficile qui soit.
Il a été inspiré pour continuer son voyage après avoir lu Le bout de l’Atlantique dans une main de Gérard d’Aboville.”J’ai eu le temps de continuer, j’ai maintenant compris le fonctionnement de mon bateau. Il fallait le faire à ce moment-là car “une fois qu’on repousse les choses, c’est dur de revenir en arrière”.
J’étais à court d’oxygène et l’eau a commencé à remplir le bateau. Je n’avais pas encore quitté la cabine. J’ai été obligé d’abandonner mon bateau. Ainsi, je me voyais « partie » à cheval sur une coque renversée. Il semblait impossible de redresser le navire qui coulait plein d’eau.
Après six heures de travail épuisant, cependant, il a pu retourner à son emplacement d’origine grâce à une ancre flottante. Je l’ai fermé avec une chaussette et je me suis mis dans un endroit sûr. Je n’avais plus accès à aucun moyen de contact. Pas moyen de rassurer mes proches ou de consulter la météo. Je me suis dit : “Je suis en vie, j’y vais toujours, mais je ne peux plus donner de nouvelles.” J’ai pensé à mes funérailles en Bretagne et comment tout se passera avant mon départ dans quelques mois.