François Bégaudeau Compagnon

Répandez l'amour du partage
François Bégaudeau Compagnon
François Bégaudeau Compagnon

François Bégaudeau Compagnon – Mais c’est aussi parce qu’ils ont grandi dans l’équivalent d’un internat dans l’industrie de la publicité et qu’ils ne se sentent désormais chez eux que parmi les emballages colorés des biens de consommation produits en série. Leur réticence à boire était plus une question de modération qu’une position politique ou morale. Un tempérament que j’ai hérité d’eux et eux de moi. Lorsqu’on me présente un nouveau produit impitoyable, ma réaction physique immédiate est celle d’une légère répugnance déroutante.

Lorsque le fait de ne pas avoir de téléphone portable est devenu un désavantage social, j’ai finalement investi. Et quelle est notre taille exactement dans ce scénario ? Combien de personnes ont été obligées de marcher jusqu’à la gare ? Combien pour n’avoir rien demandé ? Nous ne sommes pas tant des acheteurs que des opportunistes du marché – et faisons partie de la minorité de personnes irrationnelles séduites par le marché.

Ma moindre consommation est due à d’autres facteurs sociétaux. Tout d’abord, je n’ai pas d’enfants. Cela a triplé mes habitudes de consommation mensuelle. Mes parents trouvaient pratique de faire leurs courses chez Leclerc, malgré leurs premières nausées, car ils avaient besoin de nourrir trois enfants.

Pourquoi pensaient-ils que c’était utile ? Parce que cela leur faisait gagner du temps. Les horaires de travail de mes parents les limitaient aux soirs et aux week-ends. J’ai plus de contrôle sur mon emploi du temps car je peux travailler à domicile et définir mes propres horaires. Mon taux d’utilisation des télécommunications et des technologies de l’information (TIC) diminue rapidement pendant les heures de travail.

Sans parler de la liberté du temps. Avoir du temps libre n’est pas une dépense pour moi. J’apprécie les choses simples dans la vie. Et la lecture est la première priorité. Le plaisir de lire incite à la consommation, mais à un prix défavorable aux détaillants : je peux perdre dix heures à lire Crime et Châtiment que j’ai acheté sept euros. Avec l’infinie division du coût induite par les pratiques d’emprunt à la bibliothèque, les prêts entre amis, la récup’ dans des cartons de greniers, la lecture est tendanciellement un loisir gratuit.

Les divertissements gratuits sont le pire cauchemar des propriétaires d’entreprise. Et le remède à ce type de consumérisme mal nommé. Le cousin de Stéphane fréquente Bricorama comme il fréquente les bois, mais il ne visite jamais les bois car la seule forêt accessible à pied est une propriété privée.

Comme Stéphane ne lit pas et que son quartier urbain à forte densité ne dispose pas de parcelles d’herbe pour jouer au ballon avec ses copains, il est coincé avec Bricorama. S’il veut prolonger le plaisir, il s’offrira au préalable un film (au prix de 12 euros) et un petit repas McDonald’s bien pratique.

La consommation est le résultat de l’organisation sociale de nos vies et constitue donc un fait social. Réduire la consommation en ajustant notre vie sociale est possible. Nous avons discuté de deux alternatives majeures : réduire les heures de travail et lire un peu de Dostoïevski. L’Amour de François Bégaudeau retrace les cinquante années de mariage de Jeanne et Jacques, depuis leur première rencontre jusqu’à la mort de Jeanne. En termes simples, un bijou.

Auteur : François Bégaudeau J’ai toujours senti qu’il manquait quelque chose dans les livres, les films et les histoires en général, même si un type particulier de relation amoureuse est parmi les plus courants dans la vraie vie. Ce que j’appellerais une relation à long terme.

Les nombreux couples qui vivent ensemble au fil des décennies, qu’ils soient mariés ou non, et sont séparés par le décès d’un seul des partenaires. Je pense aux amis de la génération de mes parents dont les relations étaient calmes et douces, pleines de soutien mutuel et exemptes de traumatismes majeurs. D’après le titre, il semble évident qu’il s’agit d’une expression d’amour.

François Bégaudeau Compagnon

Y a-t-il un endroit où M. François Bégaudeau ne peut pas aller? Cet homme est un alchimiste des temps modernes, capable de transformer tout ce qu’il touche en un succès retentissant et de susciter un enthousiasme généralisé de la part des critiques et des fans.

François Bégaudeau est écrivain, critique littéraire, scénographe et réalisateur. Auteur de romans dont La Blessure, la vraie en 2011 et En guerre en 2018, il vient également de signer le Manifeste anti-bourgeois Histoire de ta bêtise (Pauvert, 2019). Son podcast de critique de cinéma, La Gêne occasionnée, paraît deux fois par mois, et il tient une chronique régulière sur Socialter.

Les noms se terminant par « -isme » font généralement référence à des individus ou à des groupes qui partagent un ensemble commun de croyances, de principes ou de pratiques. Originaire de Kant, la position critique du kantisme reste en place. L’existentialisme soutient que l’existence précède l’essence, tandis que le nativisme soutient que la nudité est authentique et que le centralisme considère que la propriété privée est sacrée. Mais qu’en est-il du consumérisme ?

Qui préconise la consommation  ? Quelle école de pensée, courant esthétique ou organisation non gouvernementale a déclaré que la culture de consommation plutôt que le féminisme, l’éducation universelle dans les arts, le yoga ou le heavy metal représentait l’avenir inévitable de l’homme ? Qui l’a seulement pensé ?

Cela explique peut-être pourquoi le « consumérisme » est un terme si courant mais si vague. souvent en tête de liste des choses qui nous dérangent. Effets ou raisons de quelque chose ? Actuellement, nous disposons, au mieux, d’une quantité limitée de connaissances.

Le dynamisme du consumérisme est sa plus grande force. Ici, le consumérisme n’est pas seulement un symptôme ; c’est la maladie elle-même. Le problème de la consommation excessive évolue vers un trouble ou un syndrome comportemental.

La consommation frapperait la société comme le font aujourd’hui le bruxisme ou le priapatisme. Après trois millions d’années d’abstinence, l’humanité aurait été envahie par une irrésistible envie de consommer. Les gens brandissent des banderoles dans la rue sur lesquelles on peut lire « Nous voulons consommer ». Et une équipe de commerçants assidus s’est formée pour les servir.

Qui a envie de boire ?

Les marchands apparaissent en premier plutôt qu’en dernier dans une autre histoire, peut-être moins fantastique. Le crapaud coasse, le marchand marchandise. Il réussira en accaparant le marché du trog, de l’autosuffisance, de l’accès ouvert et donc gratuit à un service, un acte de soin ou une plage en Bretagne.

Le détaillant fabrique des biens sur lesquels les consommateurs ne peuvent mettre la main qu’en les achetant. L’exode des zones rurales et d’autres faits anthropologiques sont d’une grande aide. Cultiver une culture adaptée au tissage en ville est un défi. La personne dite « moderne » ne fabrique pas les choses qu’elle porte et mange ; il les consomme simplement.

Au fil des années, l’écart entre la production et l’individu s’est creusé tant en termes de qualité (produits plus complexes que je ne peux pas fabriquer) que de quantité (usines cachées). La croissance de la société dite de consommation est directement proportionnelle à cette distance, puisque le nombre d’articles dont l’achat nécessite de l’argent augmente avec elle.

Dans cette procédure, personne ne souhaitait consommer quoi que ce soit. Les commerçants se souciaient davantage de réaliser du profit que de satisfaire les consommateurs. Les spécialistes du marketing motivés par la maximisation du profit ont élargi l’espace commercial et, par extension, la demande des consommateurs.

Les supermarchés ne correspondaient pas à ce que souhaitait le client hypothétique. Je ne me souviens pas avoir croisé beaucoup de gens en 1987 plaidant pour que quelqu’un invente la montre connectée avant que la pénurie ne les tue. On ne nous a jamais rien demandé. La morale de l’histoire est de s’opposer non pas au consumérisme mais à la recherche du profit, parfois appelé « mercantilisme » et fondement du capitalisme moderne.

Balayages de marché

Certains pourraient affirmer que certaines personnes prospèrent dans une société de consommation, profitant de la commodité d’une ère technologique qui leur permet de faire leurs courses et de manger quand elles le souhaitent. Mon cousin Stéphane fréquente Bricorama de la même manière que j’aime flâner dans les bois.

Il trouve non seulement des ingrédients pour relooker sa cuisine, mais aussi des sources de plaisir. Les commerçants s’attaquent à nos désirs pour satisfaire à la fois nos besoins et nos désirs. La joie du besoin. Le plaisir est devenu nécessité. Stéphane serait fâché que Bricorama disparaisse.

Et il serait naturellement bouleversé si quelqu’un lui volait l’iPhone qu’il a passé tant de temps à chercher hier dans le magasin Orange. Mon cousin éloigné n’est pas un consumériste ; c’est un «consophile».

Cependant, certaines personnes ne visitent tout simplement jamais Bricorama. L’un de ces proches est mon propre cousin germain une fois éloigné. Malheureusement, mon manque de dextérité manuelle fait de moi un mauvais artisan. Dépenser une grande partie de mes revenus en consommation démoraliserait une armée de vendeurs. Pourquoi est-ce que je bois si peu ?

Pourquoi est-ce que je consomme rarement plus que le strict minimum ? Je pourrais à ce stade moi targuer de principes nobles au nom duquel je transcende le besoin-désir de marchandise. Ce serait mentir. Les principes directeurs ne sont pas les forces motrices. À moins qu’ils ne subissent un processus métabolique, ils ne le sont pas.

Mes parents m’ont habillé avec les vêtements frangés de mon frère aîné, nous ont refusé les sodas que nous demandions et ont attendu six longues années avant de céder et d’acheter un magnétoscope parce qu’ils avaient « métabolisé » leurs principes communistes et avaient peur de la corruption commerciale.

François Bégaudeau Compagnon
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