Denis Kessler Famille – Deux ans plus tard, avec l’aide de Claude Bébéar, son autre « parrain », le professeur d’université est élu au conseil d’administration de l’UAP au jeune âge de 31 ans. Denis Kessler décide donc de consacrer sa vie à l’industrie de l’assurance. En 1990, il est élu président de l’influent lobby de l’industrie française de l’assurance, la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA). Plus tard, il reprend la casquette du Conseil national du mécénat (CNPF), ancêtre de l’actuel Medef. Sous la direction de Jean Gandois, il est promu vice-président et use de son influence pour façonner la politique économique du lobby.
Ce chantre de la méritocratie met ses idées en pratique en 1997. Il est aujourd’hui à la tête d’AXA, la plus grande compagnie d’assurance de France. Alors que la bataille pour la succession de Claude Bébéar se joue à Paris, il passe de longs mois à superviser les rapprochements entre les filiales d’AXA et d’UAP dans le monde. Henri de Castries, l’un de ses partenaires promotionnels, devient le nouveau mâle alpha du groupe. Après avoir été disculpé, il reprend ses fonctions de directeur de la FFSA et entre au service d’Ernest-Antoine Seillière, parrain du CNPF de 1998 à 2005.
Le duo rebaptise l’association de mécènes en Medef et en fait le pire ennemi du gouvernement Jospin, dans lequel DSK est ministre de l’économie. Denis Kessler, un habitué de la ligne de front, a été surnommé « le chef turc de la gauche » et « un farouche défenseur du libéralisme » en français. Sa directive était de “défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la résistance”, fondement des grands acquis sociaux d’après-guerre.
Denis Kessler aurait pu rester lobbyiste, mais sa vie s’est effondrée le week-end de Thanksgiving en 2002. Les fonds communs de placement des assurés français SCOR demandent à l’assureur de les renflouer depuis l’effondrement des bâtiments assurés par SCOR au World Trade Center en septembre 2001. L’opportunité de jouer les premiers rôles s’est présentée à lui après son échec chez AXA.
Denis Kessler, mari d’une professeure de sociologie et père de deux jeunes enfants, se lance à corps perdu dans son nouveau rôle. Il fait deux tours de recapitalisation, commence à réinvestir les bénéfices en 2004 et continue d’acheter des entreprises : en 2006 il rachète Revios à l’Allemagne, en 2007 il rachète Converium à la Suisse (après une OPA épique), en 2011 il rachète Transamerica et en 2013 il rachète une Filiale Generali.
Sans aucune fausse modestie, Denis Kessler a déclaré que SCOR avait réalisé “un revirement comme les Américains adorent, à la General Motors ou IBM” lorsqu’il a reçu le prix “Echos” de la stratégie de l’année en 2014. Et d’ajouter : “C’est facile ; j’ai dû tout changer de A à Z.” Structure, normes et cadre légal. SCOR parvient à traverser sereinement la crise financière de 2008 et la crise qui a suivi dans la zone euro. Son point fort réside dans l’évaluation et la prévision des risques. Ses spécialistes jouent avec le nombre de morts et les chances de survie pour les pires catastrophes naturelles, des ouragans aux tremblements de terre dévastateurs.
Un niveau d’expertise qui ne se réduit pas à la théorie mathématique. Pour le plus grand plaisir de Denis Kessler, l’Ancien Testament est “un petit traité de réassurance”, détaillant chaque catastrophe qui pourrait arriver. Cette théorie rassurante du risque s’apparente à celle qu’il a développée avec son ami le chercheur François Ewald. Ils voient le monde comme divisé entre ceux qui sont prêts à prendre des risques et à lutter pour réussir, et tous les autres.
Denis Kessler aurait pu tout risquer pour continuer l’aventure quelque part si SCOR n’avait jamais déraillé. Cependant, le moment n’est pas encore venu. Ce fief de la guérilla revient tout juste au service actif pour s’opposer à la réélection de Laurence Parisot, qui a remplacé le baron Seillière à la direction du Medef. Et il milite pour faire élire le bienfaiteur de Radiall, Pierre Gattaz.
Les plans stratégiques sont interconnectés chez SCOR. Denis Kessler a sept personnes à sa charge, toutes logées dans des pavés qu’il place fièrement sous le nez de ses invités. Bien que moins visible dans le discours public, SCOR a défrayé la chronique en créant une filiale éditoriale en rachetant les prestigieuses maisons d’édition académiques PUF, Belin et Observatoire au groupe Humensis.
Denis Kessler a commencé ses études à HEC Paris (Paris School of Business) en 1973 tout en fréquentant également l’université. Ainsi, en 1976, il obtient des diplômes en commerce de la prestigieuse HEC Paris, ainsi qu’en sciences politiques, économie appliquée et philosophie.
Devenu professeur agrégé de sciences sociales en 1977 (1ère année du concours), il poursuit sa formation en 1978 en obtenant des diplômes d’études supérieures en philosophie et en économie. Membre du Parti communiste français (CFDT), il est ensuite muté sur le campus de Paris X en tant que professeur assistant d’économie pour travailler avec Dominique Strauss-Kahn, qui l’avait reconnu depuis son temps d’enseignement à HEC.
En 1986, il est nommé chargé de recherche au CNRS ; en 1988, après avoir réussi l’agrégation d’économie, il est promu professeur des universités à l’université de Nancy II. Il est nommé directeur des études en 1990 et démissionne en 1997 de la prestigieuse École des hautes études en sciences sociales. En 1990, il réintègre la Fédération des Sociétés Françaises d’Assurances.
professeur de sciences sociales (1977-1978) et assistant d’économie (1978-1985) à l’université Paris X-Nanterre ; Chercheur associé au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Directeur (1982-1990) d’une équipe de recherche (Centre de recherche sur l’épargne [Crep] rebaptisé Centre de recherche sur l’épargne, le patrimoine et les inégalités [Cerepi ]), chargé de recherche (1986-1988) ; Professeur de sciences économiques à l’Université Nancy II (1988-89), Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) (1990
Membre de l’Association Française des Assurances (CNA) (1990-1997 et 1998-2002), Vice-Président de l’Association Européenne des Assurances (CEA) (1996-1998 et 2001-2002), Directeur Général du Groupe Axa et membre de son comité exécutif ( 1997-1998) et PDG du groupe Scor (depuis 2002). Membre du comité exécutif de la Fédération française des entreprises (CNPF), rebaptisée Mouvement français des entreprises (Medef) en 1998.
Membre de l’Association suisse des compagnies d’assurances (depuis 1995) et de son conseil (depuis 2005), de l’Insurance Industry Advisory Committee (2004-2010), de la Fondation pour la recherche médicale (2006-12) et du Global CFO Forum (depuis 1984). Président du Comité France-Chine (2002-07), Membre du Conseil d’Administration (2001) et Président (2008-10) du Siècle (2008-2010), Investissement
Membre, représentant les marchés français à l’Association Européenne des Assurances et des Fonds de Retraite (AINP) et Membre, conseil consultatif stratégique du Comité Européen des Assurances et des Fonds de Retraite (CEA) (depuis 2009). travaux : richesses” (1988), “les systèmes financiers et développement » (1991) et « La société française du XIXe siècle » (1992). Officier de la Légion d’honneur et de l’Ordre du mérite des États-Unis. Lauréat de l’Académie des sciences financières de Moscou (2005) et de l’Académie de l’enseignement supérieur du Canada à Montréal (2011).
Il a été annoncé le 17 mai que la transition prévue de la direction de SCOR de Denis Kessler à Benoît Ribadeau-Dumas n’aurait pas lieu. Le 1er janvier 2021, l’ex-directeur de cabinet du Premier ministre Edouard Philippe a rejoint le groupe de réassurance avec l’intention de reprendre sa direction générale après l’assemblée générale du printemps 2022. En effet, le PDG de SCOR, Denis Kessler, qui dirige l’entreprise depuis 19 ans, aura 70 ans en 2019, âge légal de la retraite pour les cadres à son poste.
Le conseil d’administration de SCOR a également décidé dans le même temps de mettre en œuvre la séparation des pouvoirs entre la présidence et le conseil d’administration, comme le proposait l’ACPR. Cependant, le calendrier de succession très attendu à Paris a récemment été radicalement modifié. Ce célèbre capitaliste français devait s’adresser aux actionnaires de la société lors de leur assemblée annuelle (AG) de mai 2024. Cela fait deux ans que l’embargo initial a été levé grâce à un changement de cotation en bourse de SCOR.
La dernière assemblée générale annuelle des actionnaires a pris le ton d’une cérémonie d’adieu pour Denis Kessler, gravement affaibli par sa maladie ces derniers mois. Puis, depuis les gradins, il a avoué : « J’ai peut-être donné une impression improbable aujourd’hui.
Mais il n’avait pas l’intention d’aller tranquillement dans la nuit, même si sa succession était verrouillée. Le président du conseil d’administration a annoncé avec beaucoup d’enthousiasme que « Kessler est irremplaçable, même par clonage », sur le tableau de classification des espèces Buffon. Le nouveau directeur général de SCOR, Thierry Léger, est tellement charismatique et adepte des formules qu’il menace de faire de l’ombre à son prédécesseur.
Ce nouveau venu franco-suisse est arrivé début mai et a suivi deux colombes précédentes que Denis Kessler avait dépêchées sans les blesser. Cet Alsacien, né à Mulhouse en 1952, n’hésite pas à se vanter de ses deux diplômes et de son parcours de chercheur. Cependant, il suit des cours à HEC et est sur la même voie que le futur mécène d’AXA Henri de Castries.
Là, le fils d’un agent commercial mène son premier combat après avoir été déporté à Dachau pour faits de résistance. C’est lui qui mène la charge contre l’augmentation des frais d’inscription à l’école, influencé par l’idéologie trotskiiste (qu’il a ensuite rejetée). Diplômé d’HEC en 1976, il suit les traces de son ami et mentor, Dominique Strauss-Kahn (DSK), en poursuivant une carrière universitaire plutôt que dans le monde des affaires.