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Carine Roitfeld Jeune
Carine Roitfeld Jeune

Carine Roitfeld Jeune – Cependant, il est décédé subitement. Ma mère a été recrutée pour travailler au ELLE par Pierre Lazaref, un ami rencontré à France-Soir, peu après le lancement du magazine par Hélène Lazaref. Peu de temps après, ma mère, également scénariste, a rencontré mon père sur les tournages de « Le Comte de Monte-Cristo » et de « Knock ». C’est Louis Jouvet qui fut témoin de leurs noces.

Mon père était un séducteur habile ; il visitait souvent Castel pour socialiser avec Robert Hossein, un autre immigrant juif, et Daniel Gélin. J’ai eu une enfance merveilleuse dans le 16ème arrondissement de Paris. Quand j’étais au collège, ma grand-mère russe m’apportait du jus d’orange pour la récréation, ce qui me faisait un peu honte. J’ai été au collège La Fontaine, qui est proche d’Auteuil.

Je n’ai réalisé que bien plus tard que le fait que mon père n’était pas présent expliquait pourquoi j’avais un tel faible pour lui. De plus, j’ai réalisé que ma mère, qui s’habillait en Pucci et lisait ELLE chaque semaine, était toujours là pour prendre soin de mon frère et de moi.

ELLE. Depuis combien de temps lisez-vous « ELLE », voire pas du tout ?

C.R. Vers la fin des années 1970, il était mal vu de révéler son métier de créateur de mode. Mon premier crédit de publication dans la revue concernait un article sur les sandales mexicaines publié en 1977. J’ai sélectionné cinq ensembles et rédigé de brèves explications pour chacun. Ensuite, j’ai commencé à imaginer une série entière intitulée « Que porter avec une chemise blanche ». “Que diriez-vous d’un Perfecto en cuir ?”

Et là, j’avais prévu de construire dix pages. C’était ça, ELLE. Une publication avant-gardiste à une époque où « Vogue » était avant tout considéré comme une publication destinée aux femmes d’âge moyen… L’industrie de la mode était également très différente, avec moins de labels disponibles et moins de publicités. Tout était plus simple en un sens.

Attention : je ne romantise pas du tout le passé ; il y avait aussi beaucoup de choses prudes et peu sexy à l’époque. Mais nous, les filles du ELLE, Nicole Crassat et Carlyne Cerf et Catherine Rousso, débordions de concepts créatifs. Chaque semaine, c’était la même vieille question : “O.K., de quoi veux-tu ?”

Quel genre de culture tendance suivez-vous, ELLE ?

C.R. Pas très grand. Ce n’est pas votre style typique. Je n’ai jamais fréquenté l’école, je n’ai jamais travaillé comme assistante, je n’aimais pas rechercher des documents historiques, je ne prenais pas de notes pendant les représentations et je n’étais pas douée pour les travaux d’aiguille. [Rires.] Mais je me souviens très bien des choses et je prends des décisions basées sur mon instinct plutôt que sur des idées préconçues.

ELLE. Vous avez enfin décidé d’arrêter de lire “ELLE” ?

Oui, C.R., c’était à la fin des années 90. J’ai eu Mario Testino sous mon aile en tant que stagiaire. Nous avons travaillé chez “Glamour”, “Vogue” à Paris et “Vogue” aux États-Unis. Et il y a eu l’aventure de Tom Ford, tout juste arrivé chez Gucci. Tom a vraiment aimé une séance photo que Mario a faite dans mon appartement avec Nadja Auermann.

Il nous a menacé, Mario et moi, de blessures physiques à moins que nous acceptions de travailler pour lui. C’était l’équivalent d’une paire de mocassins, sauf que Gucci n’était pas une marque particulièrement intéressante pour nous. [Rires.] Mais à la fin nous avons dit oui, et maintenant je suis son inspiration et sa continuation féminine. À chaque fois, il demandait : « Comment vas-tu porter ça ?

ELLE. Avez-vous également travaillé avec Karl Lagerfeld ?

Passer du temps avec C.R. est toujours génial car il a tellement d’histoires fascinantes à raconter. Chanel vient de terminer sa campagne publicitaire automne/hiver. Nous écrirons très probablement un autre livre ensemble après le succès de “La Petite Robe Noire” (Steidl, ndlr). Bizarrement, Karl, Tom et moi sommes tous nés sous le signe de la Vierge.

Et nous l’attendons avec impatience. Les vêtements sont respectés, les choses sont en ordre, etc. Mettre tout en vrac avant un plan pour préparer un décor ou tout simplement faire un choix personnel nous rend fou. Cela peut être difficile compte tenu de la nature de nos professions respectives. [Rires.] En tant que bonne Vierge, je suis également très douée pour éviter les surfaces glissantes. Je suis vraiment doué pour maintenir une distance diplomatique et savoir quand dire quoi.

Lors de votre première arrivée à Paris en 2001, ELLE, vous travaillez au bureau de “Vogue”.

C.R. J’étais dessinateur lorsque Jonathan Newhouse, le propriétaire de Condé Nast, m’a proposé un emploi. J’aime penser que je me suis amélioré en tant que styliste, mais cela ne fait pas nécessairement de moi un rédacteur en chef. Mais j’ai accepté, et je suis resté dix ans, ça fait cent ans en tout cas. J’aime beaucoup Jonathan; il m’a donné la liberté d’exposer tous mes défauts.

Elle est l’une des rares personnalités puissantes de l’industrie de la mode à être également considérée comme une muse, voire une icône. Elle est admirée par les plus grands designers du monde. Elle est connue pour ses yeux charbonneux caractéristiques (qui ont inspiré la tendance des yeux charbonneux) et ses jupes qui épousent les organes génitaux, dans lesquelles elle glisse fréquemment un chemisier « masculin ».

Elle a débuté dans l’industrie de la mode en tant que mannequin après avoir grandi dans un environnement « très bourgeois et d’un peu bohème quand même ». Puis, tout à coup, cela devient à la mode. Elle s’est fait un nom dans l’industrie en signant personnellement les légendes de ses séances photo.

Ses photographies sont choquantes et elle n’a pas peur d’enfreindre les règles ou de provoquer. Elle est devenue célèbre en tant que rédactrice en chef de Vogue de 2001 à 2011. Elle a été pionnière de l’esthétique « porno/chic » des années 2000. Sa pensée était la suivante : « Il n’y a pas de mode si elle ne se répand pas dans la rue ».

Carine Roitfeld Jeune

On ne sait pas exactement pourquoi elle a quitté Vogue (le principal annonceur du magazine, LVMH, aurait déclaré quelque chose de tout à fait différent). Et il se lance dans la publication de son propre magazine à New York, un biannuel en anglais intitulé simplement « CR (ses initiales) Fashion Book ».

Mais on a aussi le sentiment que le rythme effréné de sa vie professionnelle est contrebalancé par le calme relatif de sa vie de famille. Elle est avec le même homme depuis 32 ans, mais elle ne veut pas l’épouser par peur superstitieuse. Et il avoue volontiers qu’il préfère aller chercher ses enfants à l’école plutôt que d’assister à un défilé. Sa fille est une directrice artistique à succès et son fils est un marchand d’art à succès.

Carine a récemment été nommée « Global Fashion Director » pour toutes les éditions internationales de Harper’s Bazaar. Un poste adapté spécifiquement à ses besoins. Et tout comme le documentaire que j’ai vu à l’Arlequin. J’en profite pour vous raconter quelques petites choses car c’est un endroit tellement charmant. C’est l’une des plus anciennes salles de concert de Paris. Le cinéma a ouvert ses portes en 1930 et s’appelait à l’origine Le Lux-Rennes. Jacques Tati l’a ramené en 1962. Et il est désormais dans la catégorie Art & Essai.

Le 19 septembre 1954, en France, Carine Roitfeld est née. Elle a grandi dans le chic 16ème arrondissement de Paris. L’assistant d’un photographe la repère alors qu’elle n’a que 18 ans et l’encourage à poursuivre une carrière de mannequin. Elle a été mannequin pour la publication britannique Look Now avant de décrocher un poste de styliste pour ELLE.

Elle rencontre le photographe Mario Testino et bientôt ils travaillent ensemble sur des séances photos pour des magazines comme ELLE et Vogue. Carine devient la consultante de Tom Ford et le créateur de mode la considère comme son inspiration. Ils lancent tous les deux la tendance porno chic qui a défini le tournant du millénaire. Condé Nast la choisit en 2001 pour diriger la rédaction de Vogue Paris. Les ventes du magazine montent en flèche après qu’elle lui ait donné une apparence plus aigre.

Elle devient un incontournable de l’industrie de la mode, façonnant la réputation de grandes marques comme Gucci, Missoni, Versace, etc. En 2008, le magazine Time l’a classée parmi les 100 personnes les plus influentes au monde. Cependant, Carine souhaite se concentrer sur des projets personnels et c’est pourquoi elle a cédé la direction de Vogue à Emmanuelle Alt en 2011.

Elle a travaillé avec de nombreux stylistes et son travail est publié dans le biannuel CR Fashion Book, basé à New York. Elle prévoit d’ailleurs une exposition sur les petites robes noires aux côtés de Karl Lagerfeld. En 2013, Fabien Constant lui consacre un documentaire intitulé Mademoiselle C. Depuis 2012, elle dirige les départements mode de toutes les publications Harper’s Bazaar.

En tant qu’inspiratrice de Tom Ford et sponsor de “Vogue”, on lui attribue la création du genre. Mais c’est avec ELLE que les Français ayant le meilleur sens du style ont fait leurs débuts. Elle nous fait découvrir sa vie et joue même la scène sensuelle du jean avec sa fille Julia.

Nous avons proposé que Carine Roitfeld revienne comme styliste en chef pour un seul numéro. Elle est entourée de sa meilleure amie photographe Pamela Hanson, de sa fille Julia et de sa petite-fille Romy. Et les lapins ? Un clin d’œil au site Romy & the Bunnies de Julia (bunny = lapin en anglais ; voir page 94).

Un clin d’œil à une vieille photo diffusée par ELLE de 1987, sur laquelle on peut voir une jeune Julia jouer avec un ensemble de boules d’oreilles poofy. Carine Roitfeld continue de publier deux fois par an sa publication phare, CR Fashion Book.

Elle a travaillé à plusieurs reprises avec Karl Lagerfeld, créé une ligne de maquillage pour M.A.C., est sollicitée comme consultante par de nombreuses maisons de couture et prévoit de sortir en 2016 sept parfums sous son propre nom. Elle a également fait l’objet d’un livre (“Irrévérencieux” de Rizzoli) et d’un documentaire (“Mademoiselle C” de Fabien Constant). Une conversation avec une femme stylée qui connaît parfaitement l’industrie de la mode et ses acteurs.

Roitfeld, Carine. J’ai toujours beaucoup parlé de mon défunt père, producteur de films d’origine russe. Et j’ai l’impression que je découvre seulement maintenant mon ascendance maternelle. Mon grand-père, Pierre Bénard, était un grand journaliste et metteur en scène ; il dirigea le “Canard enchaîné” dans les années 1930 et 1940 (sauf pendant la Seconde Guerre mondiale, bien sûr).

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