Alfred Petit Fils – Tu ne peux pas oublier ce petit déclic que tu as entendu, car cela signifiait que tu étais encore en vie, comme l’avoue Pascal Bigue dans ses aveux. Deux policiers ont profité de la situation pour se lancer à la poursuite d’Alfred Petit, mais celui-ci a réussi à s’enfuir à pied et à se diriger vers Ymare, laissant derrière lui son arme abandonnée (qui a ensuite été récupérée par les militaires) et d’autres effets personnels (dont une écharpe et un sac).
C’est à ce moment que les deux collègues gendarmes apprennent que l’homme est recherché, à cheval. Un papier trouvé dans le sac à dos abandonné d’Alfred Petit lors de son évasion confirme qu’il n’est pas retourné à la prison de Val-de-Reuil après avoir obtenu l’autorisation de sortir. Une alarme a été déclenchée. Après que les deux gendarmes ont appelé des renforts, leurs collègues et supérieurs, ainsi que la police, se présentent.
Les premiers rapports indiquent que la Fiat Uno abandonnée d’Alfred Petit est un bain de sang. Les gants tachés de sang trouvés dans la voiture seront analysés pour déterminer non seulement les empreintes génétiques d’Alfred Petit mais aussi celles de Danielle Roussel. Selon Pascal Bigue, “La Fiat, c’est le maillon qui a permis de faire le lien avec le double meurtre des époux Roussel.”
Trois procès, beaucoup de précipitation, et beaucoup de confusion… avoir un fils nommé Alfred Petit qui a rejeté un à un tous ses avocats jusqu’à ce qu’il se taise complètement… Puis il y a eu le père de Jean- Jacques Roussel, Alfred Petit, qui l’a perdu dans la salle des pas perdus après qu’un témoin ait affirmé avoir vu ses silhouettes et celles de son fils près de la grange de Saint-Jacques-sur-Darnétal, où le corps calciné de Roussel a été retrouvé. Le gendarme Pascal Bigue se souvient de tout, de la mère et de la sœur d’Alfred Petit, toutes deux portant le même nom, jusqu’au suicide d’Alfred Petit, Jr., vécu comme un soulagement par le soldat.
Soulagement, même s’ils sont partis sans dévoiler leur secret (Ndlr : le père d’Alfred Petit s’est suicidé lui aussi ; il s’est pendu dans son jardin le 15 février 2004, suite au non-lieu de la première affaire au fond). Le militaire a révélé qu’un certain quelqu’un voulait qu’Alfred Petit admette la vérité. Mais Alfred Petit n’a rien reconnu ni expliqué. Le policier désabusé conclut qu’il n’a montré aucune sympathie.
Le gendarme Bigue a longtemps évité la rue de l’Église car c’est là que le destin l’a mis sur le chemin d’Alfred Petit. Même s’il rentre dans la zone alors qu’il est en patrouille aujourd’hui, il sera toujours incapable de réprimer ses pensées sur l’incident. La vie continue, c’est vrai, mais ce sont des moments décisifs. Nous ne devons jamais les oublier, a déclaré le policier.Après trois procès exténuants ayant saisi les biens de sa famille et de ses amis, le principal suspect dans l’affaire, Alfred Petit fils, a été condamné à la prison à vie à Paris.
Les événements cruciaux de l’affaireLe 18 mai 2001 à 6 heures du matin, un automobiliste de Saint-Jacques-sur-Darnétal repère une ferme en feu. Un cheval carbonisé et la dépouille calcinée de Jean-Jacques Roussel, ingénieur de 53 ans, seront découverts dans la grange vers 10h30. Une boule de feu lui a été lancée.
Le gamin de Julien Roussel est en mesure de vérifier l’identité de son père grâce à une chaîne en or et une alliance. Alors qu’ils tentent de protéger sa femme, Danielle Roussel, les enquêteurs réalisent à quel point elle est vulnérable. Sa Fiat Uno n’est également plus à la maison. Le fils, Julien, raconte alors aux détectives qu’il est rentré d’une fête en ville vers 2 heures du matin.
La télévision était allumée, les lumières allumées et les vêtements traînaient par terre. Ce désarroi n’était pas typique de sa mère, donc il a probablement été surpris de le voir, mais il s’en est remis maintenant. Et il est allé se coucher. 20 mai 2001. Il n’a jamais été possible d’approcher Danielle Roussel. Vers 23h00 heure locale à Boos, la police est alertée d’une Fiat Uno avec un conducteur suspect. Ils arrivent, et l’homme de 35 ans qui les conduit monte sur un cheval et les attache. C’est Alfred Petit, au fait. Danielle Roussel est propriétaire de la Fiat. 21 mai 2001 :
Près d’un cimetière, des policiers abordent Alfred Petit et l’interrogent. Il se rend sans combattre et est conduit au quartier général de la brigade criminelle de Rouen. Un squelette de femme est retrouvé dans la Seine le 22 mai 2002. Le lendemain, les bras et les jambes sont remis à leur place. C’est le corps démembré de Danielle Roussel, dont la tête tranchée ne sera plus jamais retrouvée. La balle qui a tué ses épaulettes est retrouvée logée dans le torse.
Après avoir été arrêté pour deux meurtres, Alfred Petit sera jugé devant un juge d’instruction. Après le témoignage de Dominique Lemauviel, qui a affirmé avoir reconnu deux individus près de la grange ressemblant à Alfred Petit père et fils le matin de l’incendie, le procès pour assassinat s’est ouvert à Rouen et a été renvoyé pour complément de preuve. Un mois après le report du procès, le père d’Alfred Petit s’est suicidé le 15 mai.
Le verdict est tombé et il passera les 22 prochaines années dans une prison à sécurité maximale. Le troisième procès a eu lieu le 15 novembre 2006 et la peine de réclusion criminelle a été confirmée, mais la peine de mort a été supprimée.
Lors d’une patrouille nocturne, un policier rouennais tombe nez à nez avec Alfred Petit, alias Boos, sur le plateau Est de la ville. Cela s’est produit après le meurtre des aigles de Rouen, mais l’officier n’avait aucune idée de qui il contrôlait dans la voiture garée. Un contrôle de routine qui s’est peut-être terminé tragiquement : le gendarme Pascal Bigue et sa compagne ont été attaqués à l’arme à feu et n’ont pas réussi à sauver la vie du suspect. Après 16 ans, le militaire a accepté de reparler de la nuit qu’il n’oubliera jamais et de l’affaire Alfred Petit pour le documentaire Chroniques criminelles.
Le gendarme Pascal Bigue se souvient que lui et son compagnon étaient en patrouille de nuit lorsqu’ils ont reçu un appel radio concernant une Fiat Uno blanche qui s’était arrêtée au milieu de la rue et ce qui semblait être un homme inconscient à l’intérieur. Après plusieurs jours de recherche, nous avons fini par découvrir qu’elle appartenait à Danielle Roussel. Mais la police ne savait rien de l’affaire du double meurtre à l’époque.
La tête du conducteur n’était pas visible à l’intérieur du véhicule. Nous nous sommes arrêtés, sommes sortis, nous nous sommes rapprochés et avons demandé si tout allait bien. De manière presque robotique, Pascal Bigue raconte comment l’homme est sorti de sa voiture et a pointé une arme sur eux avant de se retourner et de retourner leur tirer dessus. Comme si fermer les yeux ramenait toute la scène dans tous ses détails granuleux.
Quelques secondes d’action qui ont laissé une impression durable sur le soldat, notamment les vêtements d’Alfred Petit et l’éclairage ambiant. Nous n’étions qu’à deux mètres de lui avec l’arme pointée sur son visage. J’ai fait un effort pour communiquer avec lui… Pascal Bigue dit : “Il a dit qu’il n’était pas là pour parler, et il a sorti son arme de service de son fourreau. Et la réponse d’Alfred Petit a été rapide, froide et glaciale : ” Si tu fais ça, je te tire dessus” Des mots qui resteront gravés à jamais dans l’esprit du policier.
Puis tout s’est enchaîné d’un coup. En voyant la tournure dramatique des événements, le collaborateur de Pascal Bigue n’a prononcé qu’une seule phrase. Cette fois, l’arme était pointée sur Alfred Petit. Le policier attrapa sa torche et lui donna un coup rapide. Et à ce moment-là, Alfred Petit a poussé au calme. Le sort des deux soldats aurait pu basculer en un quart de seconde, mais le fusil d’Alfred Petit s’enraye.