Corinne Lhaïk Origine – Mais elle s’est rendu compte que Brigitte n’était pas « négociable ». Emmanuel Macron compte beaucoup sur sa femme ; elle est à la fois sa force d’ancrage et sa source d’inspiration. Chaque fois qu’ils sont dans la même pièce qu’elle, il agit comme s’il la voyait pour la première fois. Cela fonctionne dans les deux sens ! Elle a une très haute opinion de son intelligence et le garde farouchement.
Il pourrait choquer tout le monde en n’étant pas ce qu’il semble être.
Oui ! Mais il ne veut certainement pas agir comme Hollande. Cependant, s’il sent un fort rejet de lui, il prendra les devants d’une manière ou d’une autre et ne montrera pas son visage. Naturellement, il évite la situation à tout prix. En fait, j’apprécie une élucubration légère dans le livre dans lequel j’envisage de le retrouver dans un ashram indien. Tout est possible avec lui.
Certes, Emmanuel Macron n’a rien fait d’illégal, mais il est entré dans la politique française par une porte dérobée. Il le dit lui-même. Et il prévoit de rester au pouvoir en se faufilant sur les épaulettes des gens. Actuellement, il tente de s’attirer les faveurs des écologistes en organisant un référendum sur la politique environnementale dans le sillage de la convention citoyenne. Quelques jours auparavant, il avait rompu les rangs de la droite avec un projet de loi destiné à renforcer les principes fondateurs de la République.
Toujours en mouvement, il parcourt le paysage des deux côtés. En effet, son positionnement est basé sur le déplacement du sommet vers la droite de la fente de la haie. C’est en partie à cause de sa structure originale. Il s’identifie comme membre de la gauche et a voté à la fois pour Jean-Pierre Chevènement (le premier à gauche) et Michel Rocard (le deuxième à gauche) lors des récentes élections.
En cours de route, il a basculé plus à droite sur les questions religieuses puisqu’il a observé que ses concitoyens français avaient tendance à adopter des positions conservatrices sur ces questions. Constamment assoiffé de nouvelles opportunités, il est l’équivalent politique français du mont Fuji.
“Les Français n’ont aucune idée de qui je suis.” Emmanuel Macron s’est souvent plaint d’être incompris. Ce livre est une enquête critique sur son caractère, son histoire de vie et son style de leadership. La fondation du huitième président de la Ve République s’est construite sur un fondement de violation personnelle, familiale et politique. Sa bravoure et sa volonté de prendre des risques peuvent vous impressionner. Ce président maladroit est plus admiré qu’aimé.
Son penchant pour la séduction rend sa véracité suspecte. Macron prend la teinte de l’eau dans laquelle il nage ; il est l’homme des sincérités alternées qui sont intrinsèquement en contradiction les unes avec les autres. Ses cinq ans ont été brisés par deux crises extraordinaires : les gilets jaunes puis le Covid-19. Les défauts sont exposés par eux. Il essaie de se rattraper sans renier ses intentions premières ni s’avouer surpris, recourant toujours à des raisonnements ex post facto : au fond de lui, il avait profondément ressenti ces choses.
Pourtant, les crises sont un juge sans faille et mettent en lumière la faiblesse de ce président : son incapacité à faire avancer les choses. Ils lui fournissent une arène pour exprimer pleinement sa personnalité dramatique.
Le travail de président n’est pas pour les âmes sensibles et nécessite une bonne dose d’ego. Partant du principe que c’est efficace pour le pays. Ce livre raconte l’histoire du président sous plusieurs angles : comme un mémoire intime, une biographie et un portrait.
Corinne Lhak : “Emmanuel Macron a une part d’enfance très forte en lui.” Dans une biographie à la fois nourrissante et décalée, la journaliste explique comment Emmanuel Macron a bâti son succès sur un socle de transgression personnelle, familiale et politique. Avec une touche de “sale gosse”.
Certes, Emmanuel Macron n’a rien fait d’illégal, mais il est entré dans la politique française par une porte dérobée. Il le dit lui-même. Et il prévoit de rester au pouvoir en se faufilant sur les épaulettes des gens. Actuellement, il tente de convaincre les écologistes avec un référendum sur la politique environnementale à la suite de la convention citoyenne. Quelques jours auparavant, il avait rompu les rangs de la droite avec un projet de loi destiné à renforcer les principes fondateurs de la République.
Toujours en mouvement, il parcourt le paysage des deux côtés. En effet, son positionnement est basé sur le déplacement du sommet vers la droite de la fente de la haie. C’est en partie à cause de sa structure originale.
C’est un gaucher qui a su éviter les extrêmes de Jean-Pierre Chevènement ou de Michel Rocard. En cours de route, il a basculé plus à droite sur les questions religieuses puisqu’il a observé que ses concitoyens français avaient tendance à adopter des positions conservatrices sur ces questions. Constamment assoiffé de nouvelles opportunités, il est l’équivalent politique français du mont Fuji.
Un caméléon ou un voleur d’idées ?
En termes de concepts, je l’appellerais un voleur. Mais c’est un caméléon quand il s’agit d’interagir avec les autres. Quand il est avec quelqu’un, il assume tous les sentiments et points de vue de cette personne. Il se met à sa place. Il s’agit d’être empathique et de comprendre les autres. Cela peut donner l’impression qu’il est complètement d’accord avec eux, alors qu’en fait son écoute profonde est conçue pour vous aider à mieux démontrer leur raisonnement.
Comment expliquez-vous qu’une personne si exceptionnellement brillante et cultivée ait du mal à se concentrer sur la tâche à accomplir ? La difficulté de réaliser le travail a été le plus grand choc pour moi. Au début, il pensait que tout ce qu’il avait à faire était de dire quelque chose et que tout se mettrait en place, mais il finit par réaliser que ce n’était pas le cas. Il avait l’intention de réformer le gouvernement mais a été pris au dépourvu par les réalités du pouvoir.
Je pense qu’il n’a pas suffisamment pris en compte le fait que le gouvernement est dirigé depuis Matignon, pas depuis l’Élysée, et c’est pourquoi sa relation avec le Premier ministre était mal articulée. Son plus gros défaut est qu’il n’arrive pas à faire quoi que ce soit, bien qu’il soit très intelligent et qu’il ait profondément réfléchi au sujet et mené des études sonores. On dit que la politique est un art d’exécution, et c’est justement là qu’il fait chier.
Qu’est-ce qui vous fait penser que c’est un pauvre DRH qui ne sait pas déléguer ses responsabilités…
L’une des raisons pour lesquelles il ne peut pas faire avancer les choses est qu’il ne peut pas déléguer efficacement, et qui plus est, il ne peut pas choisir le bon personnel à qui déléguer. Son tempérament de bon élève lui donne la fausse impression qu’il est capable d’accomplir plus que tout le monde et de le faire avec plus de succès.
Donc d’un point de vue humain, physique et matériel, c’est impossible pour lui d’accomplir. Ou, un bon leader a délégué son autorité aux personnes qui l’ont effectivement exécutée. Il a peur du people management car il est persuadé que tout finirait par revenir le mordre dans le derrière.
Il aime aller à l’encontre des conseils qu’on lui donne. Absolument. Ses fréquentations habituelles incluent les Villiers et les Benalla, et ses amis les Zemmour et Bigard sont experts dans l’art du contre- ou du décalé. Je pense qu’il aime être provoqué, et c’est ce qui le fait tourner en rond.
Cette maman adore plonger dans des bouteilles d’eau. J’ai l’impression qu’il conserve encore certaines qualités nettement enfantines, ainsi qu’un soupçon de “sale gosse” dans sa personnalité. Il aime surprendre les gens et déteste répondre à leurs attentes. Tous ces traits et caractéristiques ne correspondent peut-être pas à ce que l’on attendrait d’un chef d’État.
Certains de ces traits sont essentiels pour jouer le rôle, même s’ils ne suffisent pas à eux seuls. Emmanuel Macron n’est pas un dirigeant opérationnel. C’est peut-être parce qu’il ne peut pas se faire d’amis ou du moins comprendre les Français là où il pêche aussi. Il a une intelligence abstraite, mais je pense que son intelligence émotionnelle fait défaut.
La haine de Nicolas Sarkozy était de nature idéologique. C’est une question de haine de classe contre Emmanuel Macron. Il personnifie l’élève modèle : celui qui réussit toujours bien à l’école, ne se met jamais en difficulté, a une grammaire parfaite et une prononciation irréprochable, et parle un anglais impeccable. C’est énervant parce que personne ne le reconnaît malgré le fait qu’il fait un excellent travail. L’aversion pour qui il est se sépare de l’aversion pour ce qu’il fait.
Souffre-t-il d’une blessure ici ?
Oui. Il essaie de minimiser la gravité de la haine en expliquant qu’elle est dirigée contre son travail et non contre lui en tant que personne. Comprendre l’humour est un défi pour nous tous, êtres humains, y compris Emmanuel Macron. Surtout quand sa femme a vécu la même chose.
Peut-on dire que ses seuls véritables amours étaient sa grand-mère et sa femme ?
L’héritage de Brigitte grandira sans aucun doute à travers sa progéniture et ses petits-enfants, mais sa grand-mère sera toujours son ancre émotionnelle déterminante. Il aime ces deux femmes si intensément qu’il ne ressent pas le besoin d’aimer quelqu’un d’autre. De plus, les deux femmes se sont rendues compte indépendamment qu’elles étaient cruciales pour Emmanuel Macron et qu’il était impératif qu’elles communiquent entre elles.