De Quoi Est Morte Anne Philipe – La parution en 1963 du Temps d’un soupir (1) est un énorme succès commercial. Anne Philipe, dont le mari était l’acteur Gérard Philipe et qui a été tué par un cancer en 1959, a écrit un mémoire de 100 pages sur ses dernières semaines.
L’écriture tendait vers le mélodrame et la confession impudente malgré la gravité du sujet (l’amour, la maladie, la mort, etc.). Et pourtant, il a réussi à faire de ce voyage à travers la misère un modèle de retenue littéraire, utilisant des mots qui traquent les hauts et les bas des émotions et se délectent de la douleur autant qu’ils l’atténuent.
Je me contredis constamment. Je veux arrêter de m’apitoyer sur mon sort à cause de ton absence. Au-delà de l’énorme popularité de Gérard Philipe, c’est la grande qualité de son écriture qui a assuré le succès de Temps d’un soupir, une histoire à la fois contemporaine du nouveau mouvement romantique et précurseur d’une littérature intime particulière.
Un rocher plat s’avance dans l’eau près de la base de Ramatuelle. Anne Philipe prend le contrôle de la mer Méditerranée, que sa grand-mère, Homère, appelait « vineuse » à cause de sa teinte bleutée, au moment où le soleil met le feu aux maisons des pauvres aux volets fermés.
Chaque poussée de ses bras vers l’extérieur, chaque ondulation de joie le long de son corps, est une victoire sur ce qui sera bientôt parti. Tout en lui – ses livres, son regard obsédant, intense jusqu’à terrifiant, et l’éternel sourire sur le visage de sa fiancée – témoigne de l’urgence de ne pas donner ne serait-ce qu’une once de temps ou de lumière à l’obscurité nébuleuse qui tôt ou tard, voilà c’est fait, installe sa nuit.
Anne Philipe, sa fiancée, n’est pas seulement la jeune héroïne du soleil ou du ciel des années 1950. Elle est profondément amoureuse de l’homme dont fantasmaient toutes les jeunes femmes de l’époque : le brillant, charismatique et moralement éclairé Gérard. On reconnaît sa tenue d’été et son tipi sauvage lorsqu’il tient son Lorenzaccio dans ses bras et rit de ce rire en cascade caractéristique.
Le crime a été commis et se poursuit. Lorsqu’un comédien atteint l’âge de quarante ans ou moins, son étoile s’estompe. Il ne reste plus que deux enfants blonds, dont l’un deviendra une célèbre actrice nommée Anne-Marie, et ils ont le réconfort de savoir qu’ils seront brandis dans la lumière s’ils ont la patience de l’attendre. Temps d’un soupir (Folio, 1963), des millions d’admirateurs ont eu accès à l’étalon de Gérard mourant dans son secret absolu.
Anne Philipe n’est pas d’accord avec ce partage. Elle écrit comme les auteurs français Duras et Nathalie Sarraute, captivés par la beauté immatérielle des personnes et des objets, et traduit par des mots ce qui nous manquerait autrement : l’âme d’un lieu, une cour pavée près du Sénat, des rencontres fortuites en Union soviétique. ou Turkestan, fièvres minuscules et infinies (Ici, là-bas, ailleurs, Folio, 1974).L’auteur de “Un été près de la mer” (Folio, 1977) décrit comment “les instants radieux serrent le coeur” parce qu’ils lui font penser à la mort, la mort qui est “
En 1951, elle épouse feu le grand acteur et comédien Gérard Philipe. Il décède en 1959. Après avoir passé un an en Chine, elle entreprend en 1948 de retourner en Inde par la Route de la Soie, devenant la première Française à traverser le Sin-Kiang avec une caravane de marchands en route vers Cachemire. Son journal, Caravane d’Asie, est publié en 1955.
L’actrice Anne-Marie Philipe doit avoir une tête solide pour donner vie à ce scénario, en interaction avec les fantômes de ses défunts parents. Les pièges ne manquent pas, à force d’exploiter la lignée familiale et d’avoir trop peu de sympathie. L’anxiété est partie dans les premières minutes du spectacle.
Elle est assise à une table recouverte d’une serviette rouge, la couleur de sa blouse de laboratoire de chimiste, et lit le manuscrit manuscrit de sa mère d’une manière sereine et droite. Et ce qu’elle offre en termes de vue et de son est un délicieux intermède théâtral. Pour être plus précis, une bataille entre les côtés émotionnel et rationnel d’une fille (ou, si vous préférez, entre la fille et l’actrice).
En prononçant ces mots, qui sont, selon elle, surchargés, elle révèle très peu de choses sur ce qui la tracasse ou l’inquiète jusque-là. C’est comme si elle s’arrêtait entre chaque extrait, relevait la tête, et fixait silencieusement le public comme témoin du fait que l’actrice maîtrise bien la matière.
Sa voix est claire et posée alors qu’elle retourne dans le feu, se souvenant de la promesse que ses parents se sont faite une nuit enneigée dans le jardin du Luxembourg : “Nous essaierons d’être élégantes si un jour nous sommes malheureuses”.
Quelqu’un qui écrit est né. Personne n’avait encore utilisé le terme « femme écrivain ». Elle a ensuite publié une dizaine de romans et de nouvelles, que j’ai tous lus (en préparation de l’inviter à Apostrophes) et dont j’ai retiré une grâce à la fois ensoleillée et mélancolique, économe et subtile.
Il ne fait aucun doute qu’elle a mis beaucoup d’elle-même et de ses proches dans son travail, mais elle a également maîtrisé le métier de la déconstruction et de la mutation littéraire. Le Rendez-vous au sommet de la montagne, Ici, là-bas et partout Un été au bord de l’océan.
Veuillez excuser la longueur de ces explications. Mais il fallait montrer qu’Anne Philipe était une femme professionnelle « accomplie ». Cet idiome a été forgé par Pierrette Fleutiaux. Sur la toute première page de son livre, “Bonjour, Anne.” Elle s’adresse directement à Anne Philipe, lui rappelant ou lui révélant le rôle central qu’elle a joué dans la vie de l’auteure et féministe il y a trente-cinq ans.
De Quoi Est Morte Anne Philipe : Hémorragie Cérébrale
Pierrette Fleutiaux a reçu une lettre des éditions Julliard, où elle avait déposé un manuscrit, un jour de 1974 alors qu’elle vivait à New York. Quelques mots seulement, mais ils vivront dans l’infamie : « J’aime, je ferai tout pour le faire prendre. Par Anne Philipse, une signataire.
En raison de ses nombreuses capacités, elle a également été rédactrice. L’année suivante, le roman (Histoire de la chauve-souris, 1975) est publié en raison de la façon dont elle s’est vaincue. La carrière littéraire de Pierrette Fleutiaux est officiellement lancée.
Pierrette Fleutiaux a été l’une des amies d’Anne Philipe de 1974 jusqu’à sa mort en 1990. Non, pas de complices ni de conspirateurs ici. Ce n’était pas ce genre de chose. Vingt-quatre ans les séparent. Personne ne les aidait. Bonjour, Anne est bien plus qu’un simple signe d’appréciation pour faire preuve de sentimentalité.
Il s’agit d’une enquête approfondie sur les façons dont deux personnes sont similaires à travers des traits, des expériences et des perspectives partagés sous la forme d’un discours, d’un geste, d’une écriture et d’une pensée partagés.
Livre très créatif et intéressant, plein d’intelligence et de cœur, écrit sous la forme d’une autobiographie racontée à travers la vie du modèle de l’auteur. Pierrette Fleutiaux se demande pourquoi et comment Anne Philipe a eu un tel effet formateur sur sa vie. Quelle était alors la base d’une amitié qui allait au-delà de la dynamique typique éditeur-auteur ?
Nous sommes actuellement assis dans son bureau. Puis, dans son appartement parisien de la rue de Tournon. Puis direction Ramatuelle, dans la célèbre maison de Gérard Philipe, où Pierrette Fleutiaux fait sa première apparition avec son petit ami, de quatorze ans son cadet et à peine plus âgé qu’Anne, Olivier et les enfants d’Anne-Marie. Reposez-vous et calmez-vous, s’il vous plaît.
Décrivez un baptême où certains invités étaient déshabillés et d’autres non. Nous sommes indépendants et satisfaits. Et voici, Pierrette Fleutiaux scelle ces pages lumineuses, dégoulinant d’une sensualité discrète, avec les mots, “L’harmonie est en elle, tranquille, ferme.”
Elle est intéressée à en savoir plus à ce sujet. Elle prévoit de fouiller dans le catalogue arrière de sa maison d’édition pour trouver des réponses. Anne Philipe mènera des recherches et posera des questions à la Bibliothèque de la rue de Richelieu. Elle apprendra d’innombrables nouvelles choses qu’elle n’a jamais connues auparavant. Et il pourra compléter son image de “femme complète”.
En raison de ses traits de personnalité autoritaires tels que “l’attention portée aux choses douces, la capacité d’y trouver le bonheur et la beauté, et la volonté d’y consacrer du temps”, le “charme” et “l’autorité morale”. Et ceci: “Elle est la première personne à me faire souhaiter d’être plus âgée.” Pierrette Fleutiaux a décidément bien vieilli. En effet, c’est un livre beau et généreux.
Les dossiers du couple ont été dispersés dans plusieurs référentiels différents. Les titulaires de droits continuent à effectuer des dépôts occasionnels. Le groupe s’est fixé pour objectif de cataloguer ces documents, d’indiquer comment y accéder et de faire passer le mot à leur sujet. Les lieux de stockage comprennent la Bibliothèque nationale de France (BNF) sur son site de Richelieu à Paris, la Maison Jean Vilar à Avignon et la Cinémathèque française à Paris.
Jérôme Garcin revisite l’histoire de la vie de Gérard Philipe dans son nouveau livre, “Le dernier hiver du Cid”, paru le 3 octobre 2019. Outre ses nombreux rôles au théâtre, l’acteur dont on retrouve le travail dans des films comme “Fanfan la tulipe ” et ” Le diable au corps ” est largement reconnu pour avoir aidé à définir l’après-guerre. Malheureusement, sa carrière est interrompue brutalement le 25 novembre 1959, pour cause de maladie, alors qu’il est au sommet de son succès. A l’époque, l’acteur n’avait que 36 ans.
